On peut dire ce qu’on veut, le dernier album qui fit date dans la carrière de
Shannon Wright reste à mon sens
Honeybee Girls. Avec la publication de ce nouvel album, la chanteuse reste en forme en produisant une expérience toujours aussi marquante. Mais force est de rappeler que l’enregistrement d’un disque n’est pas une chose aisée et qu’il n’est pas toujours possible de ne saisir que des moments de grâce. Mais malgré ces quelques réticences on restera toujours aussi convaincu de l’importance de la dame et de l’utilité de se frotter à son répertoire.
Ce nouvel album ne manque pas de tension et de rage. Au contraire il n'a jamais été aussi rageur. Au point d’en oublier la tension qui faisait pour beaucoup la réussite de ses précédentes productions. Il faut parfois peu de choses pour placer un disque sur les rails. On entend ici, de ceux qui vous mènent vers les cimes. En ce qui concerne la carrière irréprochable d’un artiste, qu’on se rassure
Shannon Wright n’a jamais changé de cap. Elle n’a jamais démérité. Au contraire, elle reste et demeure une référence d'intégrité. La représentante d’une scène alternative qui ne cesse de rétrécir. Une catégorie d’artistes qui se fait rare. Car l’heure est aux touche à tout à l’image d’un
Woodkid surfant avec opportunisme entre différentes disciplines tout en maîtrisant les codes du
cross over avec pour seul objectif de voir son égo magnifié.
Avec
Shannon Wright on reste dans le monde réel et certainement pas dans la posture. Celui d’une vie dure et d’une musique à cette image. De la création par le vécu et la douleur. Une musique qui de ce fait ne peut être comparée à ce qui se fait actuellement. L’art par la douleur, le vécu par la lutte. C’est à ce titre que l’écoute d’un album de
Shannon Wright n’est jamais anodine. Elle se fait avec respect. Ce nouvel album au delà de ses quelques faiblesses qui ne le place pas au niveau d’un
Over The Sun ou d’un
Dyed In The Wool, demeure une expérience particulière. Et si la rage demeure, si elle ne cesse de grandir à l’instar de ce disque c’est à juste titre pour exprimer le désarroi qui frappe notre société. Stéphane Hessel est mort avec lui l’image de la belle résistance. Désormais il ne reste plus que la rage. Ce qui montre à quel point la cause devient de plus en plus désespérée et qu’il devient nécessaire de donner l’alarme.
In film Sound n’est pas une fiction. C’est un disque réel. Un brûlot construit avec les dents. Une dernière semonce avant l’assaut final. A écouter obligatoirement.