On imagine aisément
Scott Hansen aka
Tycho en somnambule : la moue rêveuse, l'air un brin largué au milieu d'un marché du disque qui ne peut que les ignorer, lui, ses albums, leurs pochettes faites à la main et leurs mélopées stratosphériques. Si on le sent en effet peu soucieux des agendas d'une industrie de toute façon bien trop en décalage avec son imagination - respect à
Ghostly International qui a réussi à gommer ce dernier - on peut regretter que le Californien ait pris autant de temps, huit années tout de même, pour sortir le successeur du méconnu (même si ressorti par
Merck sous l'intitulé
Past Is Prologue),
Sunrise Projector .
Sur
Dive, on le retrouve à triturer les objets de son désir, à en étirer les couleurs et leurs nuances, à en faire des instruments de volupté sonique, là où tant d'autres s'escriment à les torturer.
Ces morceaux forment autant de millefeuilles musicaux, aux mélodies élégiaques et désincarnées (peu de voix hormis les feulements sensuels sur
Dive et
Ascension de
Jianda Johnson déjà présente sur le précédent Lp). Les couches de crèmes synthétiques parfois écœurantes chez les collègues (
Shigeto en tête), sont remplacées par des nuées d'arpèges virevoltants en myriades d'échos doux et apaisants. Dotée d'une énergie remarquable, cette ambient progressive aux tendances downtempo et chillwave assumées reste un bel appel à la quiétude, sobrement mélancolique, simplement détaché de la réalité.
Dive : une épopée immanente et profonde au cœur de rêveries solitaires offertes en partage. Fantasmes sonores d'un artiste, qui en plus d'être généreux, maitrise à la perfection l'art du grand écart, entre gigantisme et précision. Un disque aux couleurs d'aurore, capable à tout moment et sans prétention d'illuminer le plus sombre des crépuscules. Par les temps qui courent, pas du luxe de s'y plonger !
Chroniqué par
Yvan
le 02/02/2012