Que ce soit dans le passé, sous le pseudonyme de
Khale ou aujourd’hui, sous celui de
Mombi, le duo
Kael Smith/
Matt Heron continue de défendre une certaine vision de la pop qui renvoie tout droit aux travaux de
Mark Hollis,
David Sylvian ou
Labradford...Bonjour tristesse !
A l’évocation de
Mark Hollis, on associera le penchant des Américains pour une folk toujours plus dépouillée et délicate ; également le chant cristallin de
Kael Smith. A partir de là, leurs mélodies tâtonnantes, souvent irrésolues, comme des instantanés pris sur le moment, ramènent immanquablement à
Blemish, le chef d’œuvre de
David Sylvian. Enfin il y a ces atmosphères électriques, ces étendues spatiales et bleutées où l’auditeur vient planer comme à demi éveillé : impossible de ne pas penser à
Labradford.
The Wounded Beat c’est pour résumer l’exigence d’une écriture soignée (parfois à la limite de la préciosité) et un son extrêmement référencé. Sa singularité manifeste réside dans la dévitalisation de ses sonorités, le rendu immatériel des compositions, leur incorporalité élevée au rang d’esthétisme. Cette approche ambient du son (la production est signée
Keith Kenniff a.k.a
Helios/
Goldmund) donne une ampleur supplémentaire à chacune d'elles. Traversées de bruits blancs, de nappes et d’échos spectraux, parfois de beats techno à la
Wolfgang Voight en guise d’accélérateur, ces compositions introduisent à une véritable métaphysique de la tristesse.