Il faudra peut-être un peu de temps à l’amateur de musiques électroniques pour entrer dans les compositions de sayCet, tant elles vont courageusement à rebours des tendances actuelles. C’est une musique pourtant immédiate et intuitive, mais elle déroute. Or, être dérouté, c’est bon signe.
Through the Window, deuxième album de sayCet, joue la carte d’une émotion en sourdine qui éclate le long de patientes constructions sonores répétitives, qui doivent autant à Philip Glass ou Steve Reich qu’au label Constellation. Cherchant une sorte d’équilibre idéal entre chatoiement des mélodies et sounddesign acéré tel que l’aime l’electronica, la musique de sayCet louvoie avec grâce (15, par exemple, ou encore A Night with Trees, jolie exercice de soundscape, ou Sunday Morning). Ailleurs, elle se pare du chant de Phoene Somsavath qui vient incarner (au sens propre) ces morceaux, leur donner l’évidence d’une chanson folk (Easy, We Walk Fast). La voix de Phoene ne force jamais, entre feulement et murmure, et se laisse généralement porter par une instrumentation qui semble conçue comme un écrin élégant.
C’est par elle que les compositions peuvent à loisir et malicieusement ouvrir et fermer les vannes d’une émotion jamais forcée ni trop appuyée. Le risque était là, mais la musique de sayCet le contourne en s’en tenant à une forme d’équilibre sobre. Prenant acte des enseignements de la musique venue du grand nord (Sigur Ros entre autres), sayCet sait que le lyrisme n’est jamais aussi fort qu’en gardant une forme de retenue. Comment lui donner tort ?
PS : Si les compositions de sayCet sont dues à Pierre Lefeuvre et Phoene Somsavath, un troisième membre appuie le groupe à l’image, en live : la vidéaste Zita Cochet. On ne saurait donc trop vous conseiller de découvrir cette musique dans les conditions de la scène : par exemple, le 20 mai prochain au Café de la Danse.
Chroniqué par
Mathias
le 08/05/2010