Quinze titres, comme les étoiles d'une nouvelle constellation. Un univers en révolution permanente, voilà ce que nous propose
Pablo Bolivar avec son deuxième opus,
Recall.
La lumière, l'incandescence même, qui se dégage de cette musique hybride est ce qui en fait sa force première. Il y a chez ce producteur un goût tranquille mais activement affirmé des atmosphères diaphanes et suaves (
Channel One), qui au fil des écoutes vous gagnent, comme le plaisir s'impose, progressif et sans échappatoire possible.
Il y a aussi cette attention déterminante et déterminée portée à jouer sur les amalgames de styles, en refusant la facilité et l'unicité de ton. Une démarche marquée par une relation étroite entretenue avec des influences multiples autant que variées. La techno minimale bien entendue, mais aussi les nappes hypnotiques de l'ambient (sur
Is It The Last Call ? plane l'ombre de
Robert Henke), le dub (
Basic Channel est une source d'inspiration, c'est certain) ou encore la deep house (l'excellent
Modern Time). C'est avec cette forme de distance qu'il tient face à ces références que
Bolivar garde haut perchée la qualité de ses productions. Toujours désaxée vis à vis de la réalité, sans plagiat, barrée dans l'espace pour ainsi dire (la triplette
Escape From Galaxy Five en est un bel exemple).
Quinze titres implacablement scandés par les minutes qui défilent à l'écran du lecteur, tel le compte-à-rebours d'un décollage imminent. Quinze morceaux loin des coquetteries hypes du moment, des codes d'un genre fasciné par son miroir et ses élégances d'antan. Aujourd'hui la techno minimale se fait à la chaîne, et à trop y regarder, se noie souvent dans son nombril.
Pablo Bolivar a choisi un méthode différente.
Avec
Recall, il a su capturer avec talent, ses impressions et sensations dans leurs couleurs d'origines pour mieux nous les exposer. Les voilà donc en orbite, qui évoluent sous une toute autre forme, dressant les contours singuliers d'une esthétique sonore bien originale. Une façon à la fois douce et convaincante de battre le rappel autour d'une nouvelle donne plus qu'enthousiasmante. A suivre.
Chroniqué par
Yvan
le 06/10/2009