Myam James Part 2 devait succéder, en toute logique, à
Myam James Part 1. Mais
Kettel n'a finalement gardé de son précédent album que le nom. Ce nouvel opus n'est donc pas à voir comme un prolongement du premier, mais bien comme un nouvel album à part entière, avec son propos propre et une personnalité bien caractéristique. Remarquez, beaucoup d'artistes ne se donnent pas la même peine, se contentant de distiller les mêmes ingrédients au grès de leurs différentes productions. Ce n'est pas le cas de
Kettel.
Kingscourt Imp offre bien un son qui, même s'il s'est amélioré avec le temps, n'est pas très différent des travaux antérieurs de
Kettel. Mais tout de suite après,
Shinjuku Inn laisse entrevoir une approche foncièrement différente.
Kettel y propose une pièce au piano, presque nue ; juste accompagnée de quelques bruits domestiques, des chants d'oiseaux, et quelques sonorités électroniques. Plus tard, sur
Michael Space Airlines, on croirait reconnaître une balade d'
Xploding Plastix, avec sa rythmique jazzy, son piano, et sa guitare. Cet album s'annonce alors résolument plus acoustique que les autres. Le fait que
Kettel ait fait appel à
Benn Jordan (l'homme derrière
The Flashbulb) pour son mastering n'est sûrement pas innocent.
Le mastering, rappelons-le, est censé mieux faire sonner un travail fini. Même s'il peut en modifier la texture, apporter une puissance au son, il n'en constitue malgré tout qu'un élément mineur. Le fait que
Benn Jordan se soit occupé du mastering de
Myam James Part 2 n'a donc pas rendu cet album plus acoustique qu'il n'aurait dû l'être, mais il trahit sûrement, dans une certaine mesure, l'influence qu'a eu
The Flashbulb sur
Kettel.
Myam James Part 2 est, à l'instar du
Soundtrack To A Vacant Life de
The Flashbulb, un album qui fait la part belle aux parties instrumentales. Or, il n'est pas rare de voir un artiste confier le mastering de son album à un producteur qui, s'il ne l'a pas directement influencé, a travaillé sur d'autres projets dont ce premier tente de rapprocher le son. Nous avons une raison de penser que la composante instrumentale de
Myam James Part 2 ne soit pas le résultat d'une évolution hasardeuse, mais bien celui d'un choix inspiré. Notons qu'au printemps 2008, alors que
Kettel pose les bases du futur
Myam James Part 2,
Soundtrack To A Vacant Life vient tout juste de sortir. Peut-être que
Kettel, en le découvrant, ait alors voulu donner à ses travaux cette touche qu'on lui découvre aujourd'hui.
Quoiqu'il en soit, nous trouvons toujours sur
Myam James Part 2 les ingrédients qui ont fait le succès du hollandais : des mélodies élaborées, des sonorités héritées de l'acid, un IDM rappelant vaguement celui de
Plaid,
Jega, ou
µ-ziq. Mais le désir de changement de
Kettel nous vaut le plaisir d'écouter un travail nettement plus riche. Les compositions au piano viennent agrémenter l'album d'interludes dont il devient difficile de se passer.
Kettel balaie ainsi ce défaut qu'on lui a souvent reproché. Au lieu de bons morceaux et d'autres moyens, il ne garde plus que les bonnes cartes, complétant son jeu en piochant d'autres couleurs. C'est là qu'on découvre les talents du bonhomme une fois qu'on l'assied derrière un piano. Il se paie même le luxe d'introduire sur
Pers Patrys un violoncelle (un vrai, pas un synthétisé) ou sur
Memory Steps des chœurs de violons, rapprochant presque, pour l'occasion, sa composition des travaux de
Kattoo – si ce n'est que
Kattoo allait beaucoup plus loin dans ce trip.
Les amateurs retrouveront non seulement sur
Myam James Part 2 les morceaux enjoués auxquels l'artiste nous avait habitué, parfois jusqu'à l'exaspération, mais aussi un
Kettel grandi par la tournure acoustique qu'a pris son travail. En résulte album nettement moins lassant que ses prédécesseurs par sa plus grande richesse de tons, mais surtout un album réussi sur tous les points.
Chroniqué par
Tehanor
le 25/06/2009