Après l'amour, la libération. Ça va de soi. Ça se tient. Sauvage et libre, comment l'amour pourrait-il être autrement ? Un membre en moins dans l'Akron / Family, mais qu'importe ? Ça ne s'entend pas, ou presque. Pardon pour lui. Ce n'est pas comme s'il n'avait pas compté. C'est plutôt qu'on ne sent pas la perte. C'est qu'on sent toujours la même atmosphère : celle d'une tendre et langoureuse folie qui ne demande qu'à s'emporter, à éclater, à libérer des forces qu'on ne soupçonnait peut-être même pas. L'atmosphère d'une musique profondément américaine (le drapeau qui orne la couverture du disque n'a rien de la farce). Amérique ouverte, Amérique des espaces géographiques tournés vers le territoire inconnu à conquérir, Amérique des refrains qu'on chante en chemin, qu'on chante en chœur les connaissant toujours déjà par cœur. Dans le style : "You and I and the flame make three" (River).
Sens du refrain donc, et du rythme, faculté à multiplier les tempi comme d'aucuns ont pu, jadis, multiplier les pains, et charrier en un ensemble dont la cohérence paraît a priori improbable, mais qui se tient pourtant à la faveur d'une série d'intuitions parfaitement contrôlées et agencées, ce que les années 1970 ont pu produire de meilleur sans jamais commettre le pêché de plagiat (Everyone is guilty). Un miracle, en somme. Aux accents electro, parfois (la rythmique qui soutient Creatures). Aux accents folk, surtout : The alps & their orange evergreen comme révélation hippie du sublime de la nature manifesté dans la douceur de la voix et de l'harmonie et que prolonge Set 'em free. Plus rageur, MBF, délire sonique, toutes guitares en avant, fait entendre Akron / Family à l'assaut de lui-même, se poussant dans ses retranchements, répondant à la douceur de l'acoustique par des hurlements, déluge de larsens, pause paradoxale, intranquille dont le break final proprement insensé n'a d'autre vocation que le bruit, d'autre destin que celui d'anéantir un temps la musique pour qu'ensuite elle s'entende mieux, plus clairement.
Et finir sur une ode à soi-même, voix en chœurs et piano de bastringue qui marque le temps : "Last year was a hard year / For such a long time / This year's gonna be ours." (Last year). Or, comment ne pas les croire, ces voix ? Car, si Set 'em wild, set 'em free n'a plus l'effet dévastateur de ses prédécesseurs — l'effet que font toutes les grandes découvertes musicales —, il se révèle suffisamment riche, profond et excentrique pour assurer à Akron / Family une place dans le panthéon de ces groupes auxquels il faut vouer un culte.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 15/06/2009
par Guillaume (le 17/06/2009)
Cet album n’est peut être pas aussi excitant que le précédent "Love is Simple" avec ses chanson de hippies amoureux (you’re already dead) et ses grandes parades psychédéliques (there’s so many colours); il renouvelle néanmoins les orientations du groupe tout en restant un véritable album de Akron/Family.
A noter, une réelle influence dans la musique africaine d’Afrique de l’ouest, Afrobeat de Fela Kuti sur "Everyone is Guilty" ou son de guitare blues de Ali Farka Touré sur "They Will Appear" tout en jouant une musique dont les racines sont tellement américaine.
Décidément, cette année sera la leur!