On ne peut pas dire que
Venetian Snares soit homme à suivre les modes. Pourtant, son nouvel album s’inscrit très clairement dans le retour de l’acid-music. Après
Aphex Twin,
Ceephax Acid Crew et même
Squarepusher sur son dernier EP,
Venetian Snares sort la TB-303 du formol et s’apprête à faire hurler les basslines.
Les premières notes de l’album s’accordent avec la pochette : ambiance sombre de speedcore des cavernes. Mais très vite, une rythmique purement technoïde et une "mélodie" typique de la Transistor Bass de chez Roland viennent balayer tout cela. Le doute nous saisi. Aussi talentueux soit-il, l’alien de Winnipeg pourrait-il se contenter d’un vulgaire album d’acid ? Quelques secondes passent et la réponse arrive : définitivement non ! Les ruptures de rythme, les samples déjantés, les respirations mélodiques hallucinées, pour des morceaux qui contiennent à eux seuls matière à faire tout un album... Tout ce qu’on est en droit d’attendre d’une galette de
Venetian Snares est là, bien présent.
Filth annonce-t-il la renaissance du style acid ? Oui et non. Oui car
Venetian Snares repousse les limites de la machine. Il la fait entrer dans son univers peuplé de rythmiques assassines et de synthés écorchés. Non car Aaron Funk laisse entrevoir ses faiblesses sur plusieurs titres : patterns un peu répétitifs, drums relativement sages, et un TB dont l'écrasante présence interdit aux sonorités de s'accorder correctement. On est toujours dans le domaine de l’excellence, mais en deçà de la claque que pouvaient nous mettre des albums comme
Hospitality,
Cavalcade of Glee and Dadaist Happy Hardcore Poms Poms, ou
Rossz Csillag Allat Született.
En accommodant son breakcore à toutes les sauces, il était évident que
Venetian Snares finisse un jour par le tremper dans l’acid. C’est chose faite avec
Filth. Et même si l'album sacrifie certains aspects de la musique de
Venetian Snares, il constitue malgré tout un chef d'oeuvre de plus à ajouter à son palmarès.
Chroniqué par
Runciter
le 03/06/2009