Avec son projet solo intitulé,
Six Organs of Admittance, le guitariste Ben Chasny, a pris l’habitude de convier ses auditeurs dans les méandres d'un road trip mystique et psychédélique. Son folk évoque les dédales initiatiques d’un artiste qui, tout comme ses auditeurs, a entrepris un voyage intérieur. Si la musique du guitariste de
Comets on Fire offre souvent des aspects rebutants sur bien des aspects (durée des morceaux, aspect bruitiste ou absence d’un quelconque compromis dans l’ordonnancement de titres et discographie en forme de jungle luxuriante), l’artiste sait récompenser les auditeurs une fois dépassées les multiples embûches qui peuplent cette quête initiatique.
A l’heure où ce dernier est en train d’enregistrer un nouvel opus,
Drag City publie
RTZ (« Return To Zero »), un double album rassemblant des enregistrements jusqu’à présent introuvables du guitariste shaman, dont certains effectués avec
Charalambides (
Resurrection) ou
Vibracathedral Orchestra. A l’image de sa discographie, riche de onze albums, ce recueil réunit sept titres dont la durée totale approche les deux heures.
RTZ propose sans aucune mesure une incursion dans l’univers mystique de l’artiste. Chacun de ces thèmes d’une vingtaine de minutes joués à la guitare folk est ponctué de flûtes, orgues, cloches et d’effets divers. Et quand on écoute chacune des plages, on est tenté de constater que chacune d’entre elles révèle différents mouvements, se fondant les unes avec les autres, avec soin pour certaines, ou de manière franche, pour d’autres. Outre la forte dose de mysticisme qui règne sur ces titres, on est frappé par la capacité de Ben Chasny à proposer un ensemble de compositions d’une grande richesse et d’une grande subtilité. A l’image du titre
Resurrection qui, après avoir débuté par une plage acoustique aux accents noise folk, enchaîne par une balade hippie soutenue par des chœurs habités. Celle-ci sera prolongée par une partie instrumentale et des passages plus tumultueux pour enfin se terminer par une digression à la guitare tout en finesse. Si chacun des sept thèmes conserve une structure similaire, révélant au détour de certains méandres de nouveaux bijoux, Ben Chasny, n’hésite pas à varier les ambiances en utilisant l’orgue (
Warm earth which I’ve Been Told), des cloches aux accents tibétains (
Nightly Trembling Creation Aspect Earth – Reprise) et une guitare électrique aux différents visages (
ambient sur
You Can Always See The Sun et rageuse sur
Nightly Trembling Creation Aspect Fire).
Comme toute compilation rassemblant raretés, inédits, faces B ou versions alternatives, l’écoute d’un tel objet discographique réclame un certain effort, tant l’enchaînement des différents titres de manière cohérente est impossible.
RTZ, s’il a bénéficié d’un certain soin apporté à sa construction, n’en demeure pas moins une juxtaposition de plages. L’écoute de ces deux heures de musique peut facilement en décourager plus d’un. Au lieu de tenter la performance de s’enfiler les doubles albums d’une traite, il est vivement recommandé d’écouter chacune des ces errances shamaniques, titre par titre, car cela permettra d’apprécier à sa juste valeur chacune de ces pièces musicales.
RTZ, rassemble bon nombre de bijoux folk psychédéliques. Une compilation en forme de poupée russes qui renferme différents thèmes. Un double album qui se destine principalement au fan de
Six Organs of Admittance, et dont l’écoute minutieuse, de chacun de ces titres (à privilégier les quatre premiers titres dont
Warm Earth Which I’ve Been Told et
Resurrection), permettra au néophyte d’en apprécier la juste valeur. A ce titre, si ces derniers souhaitent creuser le sujet, faites un tour du côté de
The Sun Awakens,
School Of The Flower ou le « post-rockeux »
Shelter From The Ash.