C'est avec appréhension que ce nouveau
Zombie Nation se laisse aborder. On peut craindre en effet de découvrir là encore une de ces productions electro modernes dont on ne cesse de découvrir de nouveaux avatars fluos. Pourtant, il suffit d'entendre la basse vrombissante de
Mas De Todo, son sample grésillant et ses voix mises en charpie, pour qu'un sourire s'esquisse sur notre visage. Progressivement, une véritable fanfare s’invite, avec son lot de cuivres turbulents. Le morceau, décalé mais bien agencé, fait mouche.
Pour
Get It, le zombie ressort cette même formule qui a autrefois fait le succès de
Kernkraft 400 : un gimmick imparable, au plus simple, au plus efficace. Le dispositif se laisse à nouveau apprécier en quelques notes et 2-3 phrases.
Supercake 53 reprend le principe : samples empilés, variations rythmiques et breaks qui tiennent en haleine pendant les sept minutes que dure le morceau. Petite pause sur
Radio Controlled. L'effet Wah-Wah rétro et la rythmique décalée apportent un peu de chaleur avant que ne tombe l'austérité numérique de
The Fact. Ces deux titres représentent bien les deux facettes de
Zombie Nation. D'un côté, la froideur technologique héritée de la techno allemande, de l'autre, les samples d'instruments divers qui apportent un peu de cœur à l'ouvrage.
On enchaîne avec le club-banger de l’album :
Worth It. Petite mélodie bien choisie, synthés sous influence et beat martial ; tous les ingrédients sont là pour faire du titre un tube en puissance. Dommage que sa deuxième partie, dont le but est de prolonger l'idée de départ, ne vaille pas grand chose.
Mistery Meat Affair lorgne clairement sur
Justice par l’utilisation de synthés (dis)tordus, de samples bien noisy, et même de la basse compressée. L'impression est la même que pour
Forza : l'ombre de
Mr Oizo ou de
SebastiAn plane de manière un peu trop évidente.
Si notre zombie teuton donne l'impression de s'essouffler sur
Shottieville et
Filterjerks,
Seas of Grease vient heureusement compenser la baisse de régime et nous évite de rester sur notre faim en fin de parcours. L’album s'achève sur un
Bass Kaput au titre pour le moins évocateur. Son côté expérimental rappelle
Lower State of Consciousness, dont
Zombie Nation assure la production avec
Tiga. Notre homme prouve ici qu'il peut aussi se laisser aller à des choses moins convenues.
Florian Senfter arrive encore, malgré l’abondance de sorties en musique électronique, à créer un son qui lui est propre. Alors, bien sûr, on retrouve les techniques utilisées par bon nombre de poids lourds de la scène électro actuelle – ultra compression/distorsion de certaines tracks, gimmicks minimalistes et samples conventionnels – mais l’essentiel est là, et on prend son pied sans se prendre la tête.
Chroniqué par
Runciter
le 25/03/2009