Automne Fold a quelque chose de cette onctuosité yaourtifière que l'on peut ressentir en se renversant par inadvertance une cuillerée de Frutos à la framboise sur la bite – comme je viens de le faire à l'instant car je suis souvent nu quand j'écris mes chroniques (mais je ne mange pas toujours de Frutos) –, quelque chose de frais, doux, agréable et sucré, dont on ne sait se débarrasser qu'à petits coups de Sopalin méticuleux. Pas de quoi lever l'appendice que je viens de me maculer de dessert, mais disons un bon conditionnement pour se retrouver complètement apaisé, détendu, ce stade avancé de ramollissement qui rend chaque geste guimauve mais non dénué d'une certaine sensualité, l'état idéal pour décupler ses prouesses au pieu ou, selon disponibilité vaginale environnante, masturbatoires ou tout ce que vous voudrez d'autre à condition qu'on puisse lire sur votre visage une certaine lascivité. Car c'est bien ça le tour de force de Kangding Ray : transformer le glitch, cette musique que l'on déguste habituellement froide, en un plat chaud avec autant de volupté qu'un publicitaire peut trouver à une crème laitière.
A écouter de loin, on retrouve un peu de Nine Inch Nails planant ou de Massive Attack dans ses aspirations les plus sombres : chuchotements, crépitements charnels à peine effleurés, basse entêtée. A écouter de près, on remarque à quel point les vocalisations sont centrales dans cet album. Tantôt chantées, tantôt soufflées, ou alors réduites à de simples éléments rythmiques, elles viennent sublimer les textures façon Autechre pour leur apporter délicatesse et poésie. Et le coup de la mélodie en germe dans une bouillie sinusoïdale (A Protest Song) qui profite d'une brusque accalmie pour introduire le fredonnement d'une charmante demoiselle (je l'imagine charmante au son de sa voix), c'est franchement jouissif (peut être bien qu'elle est moche mais ça serait dommage). Ouais, je crois bien que ma prochaine baise se fera sur Automne Fold. Ou une des prochaines quoi, ne chipotons pas sur les détails. En attendant, j'ai du yaourt à nettoyer.
Chroniqué par
Tehanor
le 04/08/2008