Avec Steve Lacy, Anthony Braxton est le musicien qui aura le plus souvent interrogé sa pratique en solo d’un jazz libre, ou pas (intéressé aussi par l’interprétation de standards). Exemple donné en 1982, à Milan.
Dans le sillage de Dolphy (dont il reprend l’un des titres phares, Alone Together, même s’il y fantasme davantage un Bechet amateur de soubresauts), Braxton oscille donc entre avant-garde allant - pour lui - de soi, et réminiscences traditionnelles : mettant un point d’honneur à tout sacrifier aux écarts de langage (des rauques perturbateurs de 106 C aux aigus atteints sur 26 G), il peut aussi faire preuve de plus de retenue lorsqu’il reprend Monk (Round’ Midnight).
Chancelant, il réécrit ailleurs le Giant Steps de Coltrane ou investit, comme l’a souvent fait Arthur Blythe, un mode oriental qu’il confrontera bientôt à de nouvelles expérimentations sourcilleuses (77 E). Peaufinant chacune de celles-ci, le saxophoniste surprend à chaque fois et puis estime avoir dit l’essentiel, après lequel il ne reviendra pas. Le public a beau tenter le rappel (Antonio réclamé longtemps en fin d’enregistrement), aucune chance de convaincre Braxton du moindre intérêt de la redite.
Chroniqué par
Grisli
le 17/07/2007