On ne le cachera pas : c'est avant tout un morceau qui nous a amenés à Mangrove. Un morceau sur les six que compte ce premier maxi autoproduit. Une porte d'accès. Mais à force d'écouter le petit disque, on a fini par oublier. Etait-ce Jacob's Ladder, Please Love Me ou The Longuest Ride qui avait retenu notre attention ? Difficile à dire aujourd'hui. Pourtant, et même si elles sont nées à l'évidence d'une inspiration commune, la variété des influences qui modèlent ces pistes les différencie bien les unes des autres. C'est dire le charme de cette musique.
Mangrove, c'est un peu le condensé d'une époque, l'expression d'une sensibilité très actuelle, donc rétro. On retrouve, lovée dans les accords de guitare, la musique des groupes qui font parler d'eux en ce moment : Broken Social Scene sur Faceless Faces mais surtout I Love You But I've Chosen Darkness sur Please Love Me et, au-delà, toutes les eigthies, notamment Joy Division et les Smiths, sur Jacob's Ladder.
Sans jamais prétendre à l'originalité absolue, les Parisiens composent avec application des morceaux souvent graves, jamais très pressés, qui étonnent peu mais qui savent séduire. Tout le plaisir est là. Moins Mangrove étonne, plus il séduit, car plus il flatte l'oreille du connaisseur, qui partage avec le trio un même goût pour le vintage et la musique millésimée. On pourra leur reprocher de manquer de caractère. Et on aura raison, si on entend par là cette faculté à créer de nouvelles formes esthétiques. Mais ici la personnalité vient d'autre chose. Mangrove, c'est avant tout l'élection de références, autrement dit la cristallisation de certaines saveurs musicales.
Chroniqué par
dfghfgh
le 10/01/2007