A l’occasion de la sortie du nouvel album de
Chris Clark, rebaptisé simplement
Clark,
Warp vend sur son magasin en ligne
Warpmart, exclusivement et en série limitée, deux mini-EPs. L’un (
Throttle Clarence) contient des morceaux de la période de son premier album
Clarence Park et l’autre (
Throttle Furniture) contient des morceaux actuels mais le tout reste inédit.
Throttle Clarence offre six courtes pistes abrasives, parfois difficiles d’accès à cause de ses distorsions chaotiques mais néanmoins jouissives (
Alpha Dodgen Fortitude), parfois plus accessibles car douces et enfantines (
Mother McNight, Lady palindrome).
Clark sait aussi nous rendre fou quand il crache ses mélodies 8-bit schizoïdes sur un beat ravageur comme en attestent les morceaux
Friday Bread et surtout
Proper Mid-Fi.
Mais
Clark atteint des sommets quand il balance le morceau
Wicked Life avec sa nappe trancey charcutée aux cuts. Les autres morceaux sont quant à eux plutôt calmes, sans prétention, peut-être un peu anecdotiques.
Dans
Throttle Furniture,
Clark montre sa capacité à digérer tous les styles de musiques électroniques. Avec
Re-Scar Kiln il chahute le b-boy qui est en lui à coups de matraque acid-bass, de claps funky et de distorsions électriques. Sur
Urgent Jell Jack il s’attaque au breakcore : une intro angoissante fait monter la tension, quand soudain, l’auditeur est secoué de tout les côtés par une énorme basse vrombissante, et martelé par un beat urgent, massacrant tous les neurones du cerveau ; le morceau se termine alors dans un bruit de gravas, comme s' il se réduisait littéralement en miettes. Il s’en prend aussi à la drum’n’bass avec
Frau Wav (Brief Flying) et ça fout des fourmis dans les jambes et dans la tête avec toujours ce sens de la mélodie simplement percutante qui se transforme à la fin en une envolée mélancolique de violon servant d’intro au dernier morceau du EP :
Dusk Swells. On est alors plongé dans un style ambient triste mais chargé d’un sentiment heureux imperceptible, contraste empreint de grâce et d’onirisme.
Ces deux mini-EPs montrent donc tout le talent de production de
Clark ; sa musique a du souffle, par moments elle est extrême et violente, d’autres fois elle se fait charnelle et douce, elle prend alors les allures d’une femme (
Mother McNight, Lady Palindrome) avec laquelle on ferait bien notre vie.
Chroniqué par
Paul
le 13/12/2006