"Ohhhh aaah ohhh aooooh aaaah".
Multiply Additions commence comme ça, vocalises, basse et piano, des fois qu'on aurait pas encore compris que le succès de
Multiply était celui d'une série de chansons, authentiques, solides. Dépouiller une matière comme celle-ci de ses subtils effets de production, ce n'est que changer l'angle sous lequel se révèle son charme. Pas de déception donc à découvrir
You got me up et
Game for fools dans des versions live organiques où
Jamie Lidell libère encore plus son talent d'interprète.
Le répertoire de
Multiply était décidément un trop bon prétexte au jeu (de la reprise au remix en passant par le live, l'edit et la réorchestration) pour se priver de sortir tel projet. Mais ce sont surtout le jubilatoire déplacement de la version "simplement piano cabaret" par
Gonzales du tube
Multiply et le puissant boost de la
Freeform Reform pour
When I Come Back Around qui le font passer de la catégorie "capitalisation d'un succès, on rallonge la sauce" à la "bonne idée qu'il n'y avait pas de raison de se refuser". Pas de grande surprise dans le choix de la plupart des "correcteurs" convoqués : artistes maison (
Luke Vibert), artistes d'un univers proche (
Mocky) ou amis - collaborateurs (
Herbert), à qui il faut ajouter
Four Tet (le massacre de
The City est un exemple révélateur de ses nouvelles aspirations dance-prog bancales) et l'exception d'une chanteuse,
Marla Carlyle, qui reprend joliment
Game for fools.
Alors qu'est-ce qui cloche ? L'impression tenace d'être passé à côté de quelque chose de meilleur et de plus ambitieux qu'une espèce de long maxi-cd de bonus (c'est sur ce type de format que le prix du disque est aligné). Par exemple, la copie promo de
Multiply présentait dix minutes d'un live assisté par ordinateur (contre ceux présentés plus haut qui sonnent 100% traditionnels) où l'énergumène samplait en direct son beatboxing, jouait avec les loops et chantait là-dessus dans une performance au groove intense et communicatif : on regrette de n'avoir pas eu droit à un DVD qui rendrait intégralement de l'expérience que constitue ce type de lives.
Puisque l'album original semble suggèrer que chaque titre aurait pu être poussé dans une voie radicalement plus organique ou radicalement plus électronique, on aurait apprécié aussi un vrai "album bis", où suivant le tracklisting original, chaque chanson aurait été présentée dans une version alternative. Ou plutôt qu'une telle compilation qui n'appelle pas vraiment des réécoutes intégrales, pourquoi pas un disque de remixes de
Multiply par le
Jamie Lidell de
Muddlin Gear ? Et puis n'y a-t-il pas eu de titres non retenus pour
Multiply qui auraient mérité de parvenir à nos oreilles en tant que modestes "faces B" ?
Las, nous nous contenterons de ce
Multiply Additions tel qu'il est : une collection pas mauvaise, mais un peu superflue, dont l'effet principal est paradoxalement d'entériner la force de l'original et à d'inciter à le (re)découvrir.
Chroniqué par
Guillaume
le 27/08/2006