Installée depuis de nombreuses années en Allemagne, la pianiste japonaise
Aki Takase (entendue aux côtés d’
Alexander Von Schlippenbach,
Rudi Mahall ou
David Murray) y a trouvé le soutien indéfectible de la Deutschland Radio, qui organisa pour elle quelques sessions remarquables.
Parmi le nombre,
Tarantella revient sur un concert donné en quintet, à Berlin, en 1997. Auprès d’un ensemble de cordes,
Takase défend deux compositions personnelles au son d’entrelacs spécieux de notes de piano, de violon et d’alto (ceux d’
Aleks Kolkowski et
Maurice Horsthuis), et de violoncelle (celui de
Tristan Honsinger), révélant ici un penchant pour la musique sérielle (contemporaine ou relevant davantage du minimalisme de
Philip Glass sur
Tarantella), instituant là un swing croulant sous dissonances et porté par la contrebasse de
Nobuyoshi Ino (
Walking Batterie Woman, de Carla Bley), ou préférant ailleurs s’adonner à un jeu plus expérimental, envisagé derrière un piano préparé (
Let Those Who Appear).
Adepte de phrases intenses et précipitées,
Takase soigne aussi son goût du drame au son d’envolées de cordes – sur le
Hat And Beard de
Dolphy, notamment – dont elle use toujours à propos, qu’il s’agisse pour elle de creuser toujours davantage le sillon mélodique, ou d’égarer plutôt l’auditeur en labyrinthes sonores divertissants.
S’il n’a pas été une seule fois question qu’on le ménage, l’auditeur ne peut se plaindre, au final, de la leçon de musique qui lui a été donnée, et qui aura convoqué aussi bien
Howard Riley que
Bernard Herrmann,
Alexander Balanescu que
Charlie Haden.
Chroniqué par
Grisli
le 20/08/2006