Au fond les amateurs et amatrices d'electro-pop ne sont jamais revenus du romantisme. Tant mieux : les
Junior Boys leur réaffirment l'éternelle jeunesse de la mélancolie disco. Allez chercher les distingués
Luomo et
Richard Davis, montrez leur un matin de brouillard et des polaroids avec suffisament de valeur sentimentale pour qu'ils confessent sans plus de pudeur leur états d'âmes d'adultes, et vous approcherez de
So this is goodbye.
Avec
Double Shadow et
The Equalizer, le trio devenu duo entame un jeu de séduction avec la fausse fragilité et la vraie nonchalance de ceux qui ne doutent pas de leur succès. Savants producteurs doublés d'un chanteur qui soigne sa douceur, ils vous enlacent par surprise dans des chansons baume-au-coeur que recouvrent les lumières blanches évanescentes de
Metro Area. Partout apparaissent des refrains comme des aurores synthétiques (
First Time) et s'épanchent des tonalités new-wave vives et naives (
Count Souvenirs) qui touchent juste. Dans le single
In the morning,
Frankie Knuckles (l'intro cite
Your Love),
Phoenix ("too young") et les
Neptunes (le souffle humain dans le beat, le final en synthés funk) se rejoignent en une très jolie éclosion pop.
Constamment à mi-chemin de vélléités intimistes et d'un savoir-faire canalisé, les
Junior Boys ravissent nos faveurs dans d'ultimes réminescences rétro, celles que savent pratiquer
Benjamin Diamond ou
Alan Braxe, ou que pourrait représenter le spleen de
Depeche Mode en suspension ambient (
When no one cares). En définitive, avec pas mal d'élégance et ce qu'il faut de maladresse pour gagner l'affection, entre intonations androgynes (80's
FM) et computer love charmeur, l'au-revoir de ces néo-romantiques modernes console du temps qui passe, et draine derrière lui des vents froids qui laissent songeur.
Chroniqué par
Guillaume
le 10/08/2006