Depuis une vingtaine d’années,
Mickey Melchiondo et
Aaron Freeman (entendez Dean et Gene Ween) ont entassé des cartons pleins d’enregistrements isolés, à peine entendus. Electrons libres ayant circulé sur internet, ou que le groupe s’était gardé d’exposer jusque là, que devrait rassembler la série
Shinola, publiée par le label du groupe.
Qui attendait du premier volume à paraître la mise au jour d’expérimentations rejetées, de bandes audibles à peine ou de combinaisons mélodiques bancales, aura simplement fantasmé. La sélection ne déroge pas à la règle des autres albums du groupe : exercices de styles concoctés sourires en coin et production léchée.
Histoire de rendre la description plus précise, voici : krautrock menacé par quelques déraillements ludiques sur
Tastes Good on Th’ Bun, pop langoureuse servie par la basse du
Mc Cartney d’Abbey Road (
I Feel In Love Today), ballade astro-country (
Did You See Me ?), ultra swing sixties à chœurs (
Boys Club), mélange compétitif de surf actuel et de glam rock (
Gabrielle), easy listening spirituel (
Israel), ou confection d’un monstre à partir des restes de
Prince et des membres d’Aphte Punk (
Monique the Freak).
Le mélange, explosif, est capable aussi d’administrer la nausée. Rapidement, les voix n’arrivent plus à convaincre du divertissement, l’insouciance semble disparaître au profit d’un espoir de bien faire un « faire à côté » ironique, les solos de guitares n’en finissent plus de rivaliser d’efforts grotesques, éloignant un peu plus à chaque fois le prétexte anodin du clin d’œil d’initié à initié.
Et
Shinola, Vol.1 de prendre les atours d’un enregistrement vulgaire, qui pourra plaire aux imbéciles glorifiés d’applaudir une œuvre faite de sous entendus malins, quant elle n’est constituée en vérité que de sur-entendus médiocres.
Chroniqué par
Grisli
le 20/06/2006