La musique la plus enthousiasmante est peut-être celle qui allie savamment et sans artifice plusieurs styles, au sein d’un univers auquel on adhère par une impression mitigée, oscillant entre le connu rassurant et l’expérimentation vers laquelle on nous entraîne. C’est comme être sur un chemin qu’on a déjà emprunté et y découvrir des détails qu’on n’avait jamais encore remarqués.
Le cheminement que propose
Alaska Pipeline est très rapide. Ce premier EP,
Que sais-je, nous donne en tout et pour tout huit minutes trente pour nous faire une idée… Et malgré le sentiment de frustration occasionné par la condensation du plaisir offert, renforcé par une récurrente tendance à ne pas effectivement conclure ses morceaux, mais à les achever de manière abrupte et déconcertante – peut-être est-ce un concept – on sent dans ce groupe une inspiration singulière, et qui veut se communiquer.
Ce trio de Rouen, anciennement connu sous le nom de The Last Day Of Icarus, qui affirme explicitement sa filiation par rapport à Karaté, renonce à la mélancolie de son disque de 2005 pour s’affirmer avec polyvalence dans son nouvel EP. En effet, pendant le cours temps de l’écoute, on est projeté tour à tour dans de savantes édifications jazz, des légèretés pop, puis des explosions hard rock électrisantes au possible. Serait-ce un symptôme d’incapacité à trouver leur style ? Au contraire !
Alaska Pipeline consomme avec audace la nécessaire polyvalence musicale qu’on se doit dans la musique moderne, et se taille son propre costume post-rock, en suivant une impulsion à laquelle on ne cesse d’adhérer tout au long de l’écoute.
Autoproduction d’une qualité non négligeable, cet EP prometteur d’
Alaska Pipeline, en téléchargement libre sur
leur site, propose un univers en mosaïque qu’on attend de voir s’épanouir dans une dimension temporelle plus vaste…
Chroniqué par
Lou
le 10/05/2006