Blackalicious… de sombres inconnus pour certains, un groupe légendaire pour d’autres.
The Craft est leur 3ème LP après
Nia et
Blazing Arrow, eux-mêmes ayant succédé aux EP très remarqués
Melodica et
A to G. Auteurs de véritables hymnes tels que
Swan Lake,
Alphabet Aerobics ou encore
Deception,
Gift of Gab et son ami producteur
Chief Xcel sont aujourd’hui attendus au tournant par plus d’un fan.
Pas de perte d’adhérence en vue, le poids lourd
Blackalicious tient toujours bien la route. La première plage,
World of vibrations, met tout de suite les choses au clair :
Gift of Gab est probablement l’un des MC’s les plus talentueux qui ait jamais vu le jour. Ses couplets assassinent plus d’un concurrent sans même le vouloir (l’egotrip visant à rabaisser les "adversaires" n’est pas vraiment sa tasse de thé). Confirmation sur un
Supreme People extrêmement efficace.
Les prods de
Chief Xcel sont elles aussi assez travaillées et variées, loin des formats actuels et se foutant pas mal de ce qui est censé être hip hop ou non. Ainsi vous vous ferez un plaisir de faire écouter un
Powers aux accents pop prononcés à votre petite sœur en espérant qu’il remplace le dernier titre des
Black Eyed Peas sur sa playlist.
Blackalicious s’offre même le luxe d’un featuring avec le père du psychedelic funk, j’ai nommé
George Clinton. A nouveau, c’est un hip hop on ne peut plus atypique que nous proposent les deux acolytes et leurs invités. Leurs collaborateurs de toujours
Lateef et
Lyrics Born sont ainsi de la partie, mais il est également question de
Pigeon John,
Floetry ou encore
P.E.A.C.E. du légendaire groupe
Freestyle Fellowship.
Vous l’aurez compris,
The Craft est un album hors du temps. C’est du hip hop mais ce n’est pas que ça. C’est de la Musique avec un grand M. Les prods de
Chief Xcel sont bien loin de la boucle basique et repoussent sans cesse les frontières d’un genre musical qui ne semble pas encore prêt d’être défini une fois pour toutes. Ceux qui ont été déçus par l’album solo de
Gift of Gab se consoleront aisément en constatant que leur MC préféré n’est jamais aussi efficace que sur les instrus de son compère. Son flow n’a rien perdu, n’a pas pris une ride. Les featurings ne sont pas là juste pour faire joli sur la pochette. Vous n’aimerez peut-être pas chaque morceau de cette galette, mais vous ne pourrez vous empêcher de ponctuer la fin de son écoute d’un "putain ils sont bons quand même… ils font pas les choses comme tout le monde". Pour ceux qui n’en étaient pas encore convaincus,
Blackalicious signe là un opus qui confirme leur statut de légende vivante… un classique!
Chroniqué par
Karlito
le 27/04/2006