Troisième LP pour
Cunninlynguists. Troisième réussite, autant le dire d’entrée. Après
Will rap for food et
Southernunderground,
Kno et
Deacon The Villain signent un opus qui, s’il ne mettra pas tout le monde d’accord, est d’une qualité intrinsèque bien supérieure à la moyenne des albums sortant actuellement dans les bacs.
Tout commence par un petit
Where will you be en guise d’intro, sur un fond de guitare aux sonorités latines. Une petite mise en bouche qui, sans révéler une production complexe, met les points sur les i :
Kno n’est toujours pas du genre à donner dans la boucle de 2 secondes et demie sans aucune variation.
Since when confirme cette tendance en laissant les samples se succéder avec une grande fluidité. Bref, une instru simple mais pas trop, et très efficace, sur laquelle
Deacon vient poser son flow qui, sans révolutionner le genre, reste plus que correct et très agréable à l’écoute.
Le reste de l’album vient confirmer cette tendance : rien de franchement révolutionnaire mais des productions bien léchées et l’on peut gager que nombres d’amateurs de rap sauront trouver quelques morceaux qui, à leurs yeux, sortent du lot. Les amateurs de hip hop « expérimental » peuvent passer leur chemin. Les productions de
Kno, certains refrains chantés, les petites voix pitchées, pas toujours judicieuses, feront fuir certains « puristes » qui verront là un travestissement du genre. A l’instar de groupes comme
Outkast, les deux compères ont voulu faire une musique accessible à un public relativement large. Certains refrains chantés (
Nothing to give,
America Love Gangstas) font d’ailleurs penser aux vocalises d’
André 3000.
Les écoutes répétées de ce dernier opus de
Cunninlynguists, sans être désagréables, me font préférer leurs travaux précédents à ce
A Piece of Strange. Cependant, les featurings de
Cee-Lo,
Tonedeff et
Immortal Technique, les productions travaillées de
Kno et le flow de
Deacon en font un bon album. Ajoutons à cela l’homogénéité du tout et une thématique du péché, de la tentation assez présente sur cet album, comme la pochette le suggère. La trilogie
Gates,
Damnation et
Hellfire (bien joué pour le coup du sample d’
Arthur Brown!) en est la meilleure illustration. Juste après,
What’ll you do ? semble nous interroger sur notre position face à la tentation, et
The Light clôt l’opus en montrant la voie qu’ont choisie les deux comparses : celle de la lumière. Celle des projecteurs qui les présentent à un public plus large. Mais aussi celle qui les sauve de "l’enfer" des "artistes" dont la qualité de la musique baisse pour parvenir à cette fin, "artistes" dont ils ne veulent pas être.
Chroniqué par
Karlito
le 18/04/2006
par slim 37 (le 30/03/2010)
Je kiffe le son des cunilinguist. C'est vraiment du bon son ! Original, mélodieux, puriste... ça change du hiphop commercial ou gangsta. Dommage que ce ne soit pas d'avantage connu en france. J'espère que ça marche bien pour eux, ce serait mérité !
Longue vie aux cunilinguist !
En plus leur blaze déchire !
par Dora The Explorer (le 13/04/2008)
Salut ;)
J'ai découvert les cunnin' grâce à cet album et il me semble que c'est bien cette chronique qui me les a fait découvrir. Et... un grand merci alors. Terrible claque, ce groupe. La découverte des anciens albums a été également un plaisir, même si je préfère le côté plus planant, mélodique et mélancolique de APOS et Dirty Acres. L'humour et l'énervement à la Falling Down (SouthernUnderground) ont également leur charme.
Bref, jetez vous sur ce groupe si jamais vous ne le connaissez pas. Ce serait honteux de ne pas le faire.
Un auditeur conquis.