La musique de
Tom Brosseau parle de maisons vides, et des amours qui y sont liées. Amours à deux, amours solitaires, et plus d’amour du tout, un refrain que l’on connaît bien pour l’avoir entendu jusqu’à plus soif (même si les histoires d’amour qui finissent mal sont un peu la base inépuisable de la littérature amoureuse, en général : voyez Orphée). C’est un peu le problème qui se pose ici : le terrain absolument découvert et transparent sur lequel
Tom Brosseau nous invite à partager sa musique. Assez peu adepte des structures traditionnelles couplet-refrain-pont, la musique de
Tom Brosseau ne se dirige pas encore vers une émancipation intégrale des grammaires en vigueur du folk.
A cela près, on n’est pas obligé de bouder les qualités du songwriting de
Tom Brosseau. Voilà que notre ami décide de parler de solitudes, d’esprits brisés, de cœurs en pièces : toute la mythologie du folk et sa pulpe au ras de ce qui fait le quotidien sentimental humain. De cela,
Tom Brosseau parle peut-être plus explicitement, plus clairement que n’importe qui d’autre, comme si l’important était autant d’écrire une chanson que de la situer, la placer sous un étendard.
Ce qui, une fois fait, lui permet de se consacrer à l’habillage élégant de ses dix petites histoires. Parler de la désertification des cœurs et des lieux, mais sans misérabilisme, dans une sorte de neutralité et de suspension qui est la marque d’une vision du monde faite de légèreté, de détachement : quelque chose de puissamment apaisant se dégage de cette façon de chanter sereinement ces histoires d’épaves. Il y a dans les chansons de
Tom Brosseau comme la preuve d’une capacité souveraine à occuper le monde par le son, sans presque rien : un violoncelle sur
Heart of Mine, quelques festons électro-rhétoriques sur
Hurt to Try). Un album en dessous de l’excellence à laquelle Fat Cat sait atteindre, mais qui possède sa petite singularité rien qu’à lui.
Chroniqué par
Mathias
le 14/03/2006