Avec cet opus, les langues médisantes peuvent ravaler leurs mauvaises paroles. La présence en featuring sur une des tracks des maliens
d’Amadou et Mariam peut vous surprendre, vous faire fuir ; et bien vous auriez bien tort. La très nette influence africaine de
Faso Kanou prend racine dans l’amour qu’a le globe-trotter parisien pour ce continent, où il est d’ailleurs installé, et plus précisément au Mali.
Il exprime cet attachement pour ces terres en élaborant un album roots, respectueux du folklore et en harmonie avec les convictions qu’un rasta peut avoir en s’installant en Afrique.
Faso Kanou est une sorte d’essence prenant source à la confluence du dub et du reggae.
Connu pour jouer avec Tiken Jah Fakoli,
Manjul élabore ses morceaux dans la pure tradition en mélangeant savamment les instruments africains maliens (kora, le n’goni ou la flûte), claviers, basse et l’ensemble des techniques dubstyle. Quinze titres alternant roots reggae classique (
beki meri et le chant d’Amadou et Mariam,
St leu – bamako, Tiken Jah Fakoly sur
fanga den), à des dub roots racés (
adama den,
jah provide), en passant par une ballade world music (
haile selassie i fasa accompagné de la petite Niaralé), pour introduire ou conclure sur des dub plus moderne (
faso kanou ou
Abarka Jah).
Cette richesse n’en dénigre pas moins la qualité de la production qui se veut originale, fraîche, agréable à écouter. Il est si rare d’écouter du dub africain qu’il serait fort dommage d’en faire l’impasse.
Manjul, dans la discrétion et dans son cheminement spirituel, a réussi son pari de montrer que le style jamaïcain peut voyager, s'exporter dans des cultures, aussi chaudes, mais différentes.
Et pour couronner le tout, cet album rentre dans une série appelée Dub to Mali ; le deuxième volume est déjà en route !
Chroniqué par
Kiteklat
le 01/03/2006