Jimmy Edgar a un étonnant rapport savoir-faire / jeunesse, le physique et une
marque de fringues pour devenir une icône de la musique électronique. Et son premier album arrive sur un label de référence : Warp records.
Color Striped vient décliner sur la longueur un style auquel deux EP's nous avaient intéressés, basé sur des syncopes hip-hop agrémentées de cuts façon
Prefuse 73 et un spectre sonore très Detroit (sa ville d'origine), sous infusion techno-jazz-funk.
Malheureusement, la sympathie première pour cette marque de fabrique s'étiole assez vite.
Color Striped est un album au premier abord plutôt agréable, mais les constructions sont assez souvent répétitives (
my beats par exemple assène la même pattern tout du long), et les digressions jazzy des synthés lassent, si bien qu'il s'achemine rapidement de lui-même vers le rayon "papiers peints sonores". De la même façon que
Prefuse 73 entre autres,
Jimmy Edgar semble participer malgré lui d'une électronique qui répéte une identité acquise sous la forme d'une banque de presets, et la fait varier à longueur de disques sans ne plus rien mettre en jeu d'essentiel.
Non pas que tous les morceaux se ressemblent, l'écoute attentive révèle qu'il y a encore des humeurs changeantes, electro old-school ici (
Personal Information), pause ambiante ensuite (
Telautraux), etc. Seulement leur manque d'aura et d'audace (hormis les effets de
I wanna be your STD) les fait appartenir à un même ensemble indifférencié, qui interpelle trop rarement l'oreille (
of the silent variety), quand ce n'est pas pour l'agacer (les claviers décidement trop bienveillants de
color strip warren). En cherchant à réactualiser un certain esprit Detroit (l'héritage de
Carl Craig,
Cybotron...),
Color Striped devient un bon exemple du danger qu'il y a, en cherchant le deep, à trouver le lounge. Cette fois,
Jimmy Edgard avait décidement tout pour plaire, sauf l'inspiration.
Chroniqué par
Guillaume
le 21/02/2006
par [knot] (le 02/01/2007)
...avec cette chronique.
Sur le même label, mieux vaut s'approprier l'album Elektroids., plus ludique et moins convenu.
Ou même mettre la main sur "The X Factor" de Richard X, electro-deluxe facile d'accès et brillamment produite, même si, certes, pas très "undaground".