Jah Wobble n’est pas un nom à prendre à la légère. Connu pour ses productions variées et lointaines des clichés qu’on peut étiqueter au dubber,
Jah wooble est avant tout un génie des sonorités aériennes. On le connaît également pour ses habituelles collaborations avec
Invaders of the heart ou le grand
Bill Laswel. Mais ne vous méprenez pas,
Jah Wobble est lui aussi, un GRAND.
Jah Wobble a eu la chance d'avoir un ingénieur du son parculièrement talentueux, Mark Lusardi, plus connu pour avoir travaillé avec
Lee "Scratch" Perry notamment, mais aussi
The orb ou
Dennis Bovell.
Jah' nous revient armé d’une production solitaire, aux confins des musiques actuelles et moins actuelles électroniques, rock, new wave, dub hétéroclite et chant lancinant. Avec cet opus, l’assimilation est immédiate, l’horizon n’a plus de limite, le temps s’échappe, nos tympans s’accordent, fuyant les souvenirs parfois décevants de certains sons de l’artiste. En admettant une hypothèse, j’ai de grande chance de ne pas me tromper :
Jah Wobble, avec
Mu, décide de nous faire rêver, transporter, par une alliance parfaite des chants pop (
Viking funeral) ou orientaux, mélodies d’ailleurs, et volutes rythmiques tressaillantes. Empreint de mysticisme et d’intérêt pour les ethnies de notre monde,
Mu est un album à placer au côté du célèbre
Molan Dub, référence de notre protagoniste (accompagné de
Invaders of the Heart).
Il reste cependant beaucoup moins typé que ce dernier et les titres sont plus – loin d’être péjoratif – civilisés, entre monde occidental et ethnique. Délicieusement funky sur la très instrumentale
Kojak dub et paradoxalement voluptueux et sensuel dans
Mu. Très imprégné de la culture bouddhiste,
Jah Wobble n’a pas hésité à offrir un hommage au plus beau mantra de la religion tibétaine,
Buddah of compassion, dans une piste surprenante et déroutante mais tellement belle…Pas moins de dix minutes de poésie, véritable tableau des chants bouddhistes et électroniques, conclue par un chœur, pot-pourri de vocalises arrangées d’effets soutenues par une ligne de basse symbiotique. La pochette l'annoncait : une roue bouddhiste symbolise cette production manifestement mystique.
Dans
Mu, toutes les facettes de
Jah Wobble sont représentées. Même le dub plus classique de
New Mexico Dub, bâti sur un arrangement simple, a sa place réservée. Alors qu'une dimension philosophique s'est installée, mes oreilles se sont définitivement attardées sur
Softwear, la perle. Il en faut une, mais celle-là joue une nouvelle fois avec la voix d’un homme, rebondissant d’une oreille à l’autre, sur un beat, une basse, accordéon, flûte et des nappes sidérales assemblées à la perfection. Un régal !
Notre artiste se réaffirme avec un album peu comparable avec ses productions précédentes ou plus ou moins dans la lignée d’un
The inspiration of williams blake en définitivement accompli et classieux. On aurait bien tort de ne pas s’essayer à une (re)découverte d’un artiste de cette trempe.
Chroniqué par
Kiteklat
le 14/01/2006