Quintette dévoué depuis 1991 à une musique de chambre improvisée,
Partita Radicale pose, avec
Frutas azules, les bases d’un art déluré empruntant autant qu’il invente. En évoquant, d’abord, les figures incontournables d’une musique contemporaine sophistiquée : les violons aidant au rapprochement avec le
Kronos Quartet, la façon de s’en servir avec
Alexander Balanescu (
Cancionero VI).
Adepte des grincements en tous genres, le groupe glisse en ouverture pizzicatos et chuchotements sur les oscillations d’un accordéon rappelant la vitesse des pales de l’
Helikopter de
Stockhausen (
Cancionero I). Prenant de l’altitude, l’ensemble suit la trajectoire décidée par les clarinettes, postant haut sur la grille absente les harmoniques voluptueuses (
Cancionero III).
S’accordant plus facilement pauses et répit lorsque leurs interventions ont été plus vives, les musiciens se retrouvent sur le rythme d’une valse dingue emmenée par l’accordéon (
Cancionero II) ou dans l’ivresse d’une fête champêtre peinte par Breughel (
Cancionero VI). Parfois plus expérimental, le quintette dessine des parallèles visant l’ultrason (
Cancionero IV) pour avancer ensuite plus prudemment dans les brumes faites de basses retrouvées (
Cancionero V).
Bande-son adéquate d’un étrange carnaval - flamand dans l’âme, mais rêvant d’Espagne -,
Frutas azules prouve qu’on peut fantasmer de mille façons un seul et même pays. Selon les genres et les modes. Selon, aussi, la lumière qu’on y était venu chercher.
Chroniqué par
Grisli
le 27/10/2005