En 1958,
Bill Evans pouvait encore n’être que co-leader. Aux côtés d’
Eddie Costa, vibraphoniste luxuriant à l’existence trop brève pour s’être imposé plus, il participa à l’enregistrement de thèmes issus du répertoire de
Frank Loesser. A la contrebasse,
Wendell Marshall ; à la batterie, celui qui fera bientôt partie du mythique trio d’
Evans :
Paul Motian.
Les compositions choisies permettent la diversité des interprétations. De ses attaques légères, le pianiste fleurit des be bops enjoués (
Guys And Dolls,
If I Were A Bell), déploie ses harmonies lors d’un simili cool (
I’ll Know), ou conduit une romance sur une
Adelaide évoquée par tous avec élégance : la mélodie de piano poussée dans ses derniers retranchements, perturbée par les notes bleues de
Costa, rassurée malgré tout par la confiance de
Marshall.
Souvent sage,
Paul Motian se montre parfois capable de ruptures inspirées. Pour beaucoup dans la réussite de
Luck Be A Lady, il décide seul du laisser-aller nécessaire au développement d’un fourre-tout baroque sur lequel
Evans interroge les mesures, quand
Costa abuse sournoisement des digressions sur demi-tons. Moins convaincants lorsqu’ils se raidissent au seul souvenir de leurs maîtres -
Milt Jackson pour
Costa,
Lennie Tristano pour
Evans -, les co-leaders sont autrement évoqués dans un bonus imposé.
Alors, sur la septième plage, on peut entendre
Django, enregistré sous la direction de
Michel Legrand, en compagnie, entre autres, de
Miles Davis et
Paul Chambers. Hors sujet, le bonus, qui nous présente un
Costa déposant étroitement la mélodie du thème sur la guitare de
Galbraith, et
Bill Evans élaborant avec la harpiste
Betty Glaman un contrepoint sans charme. Ce genre de bonus artificiel, qui vous invite à relancer l’écoute pour revenir à l’essentiel.
Chroniqué par
Grisli
le 01/08/2005