Il est de drôles de manières d'utiliser aujourd'hui des instruments anciens. Prenons la vielle à roue, qu'utilise à merveille, et dans des domaines musicaux balisés,
Stevie Wishart. Persuadée par
Paul Dunmall - saxophoniste iconoclaste soufflant, à l'occasion, en cornemuses - d'abandonner pour une heure la musique médiévale, la voici s'adonnant à une improvisation en règle.
Enregistré en duo,
Shells And Other Things est un parcours codifié, tirant profit des résonances et des interférences de la vielle et de la cornemuse. Les notes sont incisives, et les bourdons élaborent ensemble une montée en puissance délicate, dont on sonnera le glas en instituant un dialogue free.
Lorsque
Paul Lytton intervient, c'est pour enrichir d'insinuations rythmiques des improvisations réfléchies. Sur
The Ears Have It, quelques cordes accrochées font place aux évolutions intelligentes des trois musiciens. Serein, leur développement n'a d'autre effet que l'écoute ébahie d'un auditeur trimbalé sur des steppes asiatiques. Sous l'herbe, des palais oubliés, que l'on met au jour au son de bourdons faits sirène annonçant les découvertes.
Ailleurs, le duo
Dunmall /
Lytton converse et sait de quoi il parle. Le saxophone ténor du premier oppose des circonvolutions baroques aux attaques énergiques du second (
Nothing To Do With Shells). La complicité des deux hommes permet la surenchère amicale, oeuvrant pour qu'ils touchent ensemble l'extase qu'offre la mise en place de rondes ravissantes.
Quand le soprano remplace le ténor,
Dunmall s'octroie quelques silences perdus parmi des touches rythmiques abondantes et sensées (
It's In Your Ear). Enfin, à trois on clôt l'enregistrement, au gré d'une superposition cohérente de participations plus individuelles (
In Your Shell Like). Histoire de donner tout, une dernière fois, avant de renouer en solo avec ses singularités.
Chroniqué par
Grisli
le 04/04/2005