Ancienne gloire de l’underground au sein du groupe
Organized Konfusion,
Prince Po revient en grandes pompes avec un album conviant des artistes aussi prestigieux que
Madlib,
Danger Mouse ,
Jel,
J-Zone à la production et
MF Doom,
Jemini ou encore
Raekwon en guise de featurings. Un casting relevé par la présence du trublion
Richard X, dont le travail sur le maxi
Hold Dat avait constitué un savoureux apéritif sur les dance-floors, faisant de
The Slickness un des albums les plus attendus de cette rentrée.
Une attente qui s’achève cependant sur un sentiment de déception, tant ce premier opus de
Prince Po tombe trop rapidement dans l’anecdotique, malgré quelques incontestables réussites. On se laisse donc charmer par la SP1200 de
Jel sur le sympathique
Hello ou par le beat décalé de
J-Zone le temps d’un
It’s Goin Down où
Po lâche quelques rimes bien syncopées, et le gargantuesque
Hold Dat fait toujours son petit effet. Mais la majorité des titres de
The Slickness ne parviennent pas à éviter les clichés du genre, comme le prouvent le beat façon K2000 de l’explicite
Bump Bump ou encore la guitare suave de
Love Thang, titre produit par un
Danger Mouse bien moins inspiré qu’à l’accoutumée.
Madlib ne se surpasse pas non plus avec
Too Much ou
The Slickness, en proposant deux instrus tout juste correctes, dans un registre jazzy dont les samples de films de kung-fu font immédiatement penser à la majorité des titres du
Wu-Tang.
De son côté,
Prince Po ne parvient pas à tirer profit des productions de ses compères, en privilégiant un flow semi-classique déviant parfois vers des phrasés moins linéaires et, osons le dire, plutôt ennuyeux. Une impression qui se fait d’autant plus sentir avec les interventions de
MF Doom ou
Jemini, qui laissent leur hôte loin derrière eux. Certains couplets de
Po amènent tout de même un peu de fraîcheur, notamment sur
Too Much ou
Hold Dat, et l’ancien MC d’
Organized Konfusion balance toujours quelques phases d’egotrip bien senties sans avoir à rougir non plus derrière un sampler. Mais ces rares éclats ne parviennent pas à masquer les points d’ombre d’un disque trop inégal pour envisager une quelconque longévité.
Au final,
The Slickness pèche donc par un sentiment gênant de déjà-entendu et une tendance à hésiter entre les expérimentations caractéristiques de
Lex et un registre plus traditionnel. Le résultat se révèle ainsi boiteux et risquera de déplaire aux amateurs du sous-label de
Warp, mais pourra toutefois intéresser les nostalgique de l’underground des années 90. A condition que ces derniers n’espèrent pas trouver là le classique tant attendu de
Prince Po…
Chroniqué par
David Lamon
le 06/10/2004