Après un
Shinso, étrangement accueilli de façon mitigée par certains en dépit de qualités pourtant indéniables,
Dj Krush nous revient avec un huitième album abstract hip hop définitivement inscrit sous le signe du soleil levant.
Faits considérables dans la carrière du japonais : les albums se succèdent, ne se ressemblent pas et restent constants de qualité.
C’est forcément confiant que l’on aborde
Jaku, et les premières écoutes rassurent vite dans cet a priori quelque peu légitime. L’album s’ouvre sur l’enivrant
Still Island où la flûte de
Shûzan Morita emmène le morceau sur les sentiers d’une musique traditionnelle qui se cale à merveille sur les productions d’un Krush inspiré. C’est d’ailleurs en filigrane et tout au long de l’album que cette ambiance très typée officiera, donnant une texture homogène à l’ensemble du disque.
Les titres s’enchaînent et forcent l’admiration : hip hop crépusculaire où
Mr Lif pose un flow nonchalant sur
Nosferatu, piano docile d’un
Stormy Cloud magnifiquement orchestré, intervention nerveuse d’
Aesop Rock sur
Kill switch, chaque morceau est un bonheur pour les oreilles. Même lorsque
Dj Krush se permet quelques excentricités, comme sur
Slit Of Cloud, où un chanteur japonais introduit magnifiquement la virée jazzy d’un cuivre frénétique, le résultat est impressionnant.
Dj Krush a cette faculté incroyable de proposer un mélange habile, tout en demi-teintes, véhiculant une sorte de chaleur même dans ses sonorités les plus sombres.
Album magistral, ensorceleur et profondément abouti, le japonais polymorphe nous offre une fois de plus une nouvelle facette de son talent, donne une dimension très visuelle à sa musique sans jamais devenir pompeux, et continue de nous laisser rêveurs quant à ses prochaines sorties. Avec huit disques au palmarès, on ne peut que saluer la performance.
Chroniqué par
WakMc
le 05/08/2004