Pas prétentieux pour un sou, le bien nommé groupe Bristolien,
Immense, vient de sortir son second album
Hidden Between Sleeves, et première impression : c'est propre, mais la voix du chanteur dérange... Cependant quelque chose accroche inlassablement l'oreille, et l'on se met à réécouter encore et encore cet album, qui peu à peu se révèle être un petit bijou. L'alternance de morceaux chantés puis instrumentaux, délicats puis virulents, electronica puis post-rock, est certainement l'une des clés de cette réussite.
Difficile donc est la dissection de cette oeuvre tant les directions sont multiples et invraisemblablement si cohérentes. Comment faire le lien entre ce morceau d'ouverture
The Most Dangerous Part teinté d'electronica et si proche des productions de
Hood, fragile et délicat, avec son suivant
Shave the Gong dans lequel l'electronica est totalement débordée par guitares et batterie, et ce chant si doux dans le premier morceau devenu criard et torturé. Et cette mélodie, comme un va et vient, le bien-être laissant la place au malaise et au désespoir.
Skitty Piano reprend la formule du premier morceau, avec une electronica très présente, mais cette atmosphère douce et positive fait place à une sorte de dégoût et de révolte, d'ailleurs le chant est ici plus brut, troquant justesse et beauté contre une émotion porteuse, nous prenant littéralement aux tripes.
Côté morceaux instrumentaux, cet opus dispose également de quelques perles, entre autres le très tourbillonnant
The Bumper Book of Facts and Knowledge et ses nombreux violons tentant de perturber l'imperturbable guitare sèche. Une danse gracieuse de cordes infatigables.
Moins ambiant et plus explosif,
HMS Immense rappelle les productions post-rock nord-américaines, entre
GYBE et
Explosions in the Sky, dans lesquelles le crescendo est de rigueur, débutant sur une petite mélodie au xylophone toute jolie, toute attendrissante, presque enfantine, et laissant vers le milieu du morceau les guitares et la batterie s'en donner à coeur joie dans une explosion de gaieté.
Et ce
3-Year Plan, si léger et si menaçant, ce piano appuyé par un xylophone, sombrant peu à peu vers la lourdeur d'un violoncelle et la froideur des violons. Assez beau et effrayant pour en faire frissonner
Rachel's de jalousie.
Difficile de savoir si
Immense a trouvé son chemin parmi toutes ces directions prises. Toujours est-il que ce voyage est un pur bonheur et qu'ils ont bien mérité cette petite vanne : Bravo
Immense, c'est « Énorme » ce que vous faites.