Derrière le visuel sombre et classieux du magnifique digipak enveloppant le premier album de
Daughter Darling se cache une musique attirante et plutôt dénudée sur laquelle Natalie Walker pose sa voix si particulière tel un ange ayant le groove dans la peau. Très vite plusieurs noms nous viennent à l'esprit :
Tori Amos,
Archive,
Massive Attack,
Lara Fabian (non, c'est une blague). Programme alléchant, n'est-ce pas ?
Comme ces "influences", cet album recelle de multiples couleurs musicales à l'image de
Sweet Shadows, morceau et titre de l'album, mystérieux, sombre et romantique. On retrouve ainsi des balades piano/beat (
Broken Bridge,
Absconding) ou gratte sèche/beat (
Shattered,
Things Untold,
Dust in the Wind), assez minimalistes, mais tellement romantiques, faisant particulièrement ressortir la voix orgasmique de Natalie et son groove si particulier vous faisant hérisser les poils des bras (si ce n'est pas plus). Mais au-delà de ces morceaux d'école (très réussis néammoins), on découvre de vrais perles de production, notamment sur
Voodoo Games et sa très lourde et puissante basse qui transporte nos âmes loins de leurs corps, guidées par le chant "fermé" de Natalie vers des profondeurs insondées, mystérieuses. Le très attendu
Sad & lonely (pour ceux qui ont écouté les morceaux sur le site du groupe à l'époque de leur démo) nous berce plutôt dans un groove titubant, intense et fragile, comme ce clavier détendu et pourtant si classe sur lequel Natalie offre une complainte des plus convainquantes, des scratches et un sax se partageant le second rôle. Sur
Let Me Speak, on retrouve à nouveau une atmosphère lourde de pur trip-hop (époque
Dummy) avec une rythmique écrasante, un clavier lugubre à la
Portishead et une basse on ne peut plus imposante et grave. On découvre aussi le très léger
Mermaid, ambiance aquatique, rythmé par un breakbeat léger, assorti de l'écho d'un piano, parfait pour se détendre entre deux morceaux entraînant. Pour finir, un morceau venu de nulle part, une de ces productions que vous écoutez en boucle sans savoir pourquoi vous l'aimez. Peut-être est-ce cette ambiance lointaine d'Asie ? Peut-être est-ce l'ensemble : ce fabuleux son acoustique, ce tiraillement de cordes de violoncelle, ce solo de violon et cet orchestre de chambre ? Toujours est-il que
You Won't See Me est une merveille et que le chant s'accorde parfaitement aux cordes, décuplant les émotions que fait naître la production instrumentale.
En bref, un excellent album trip-hop (devenu rare), nous faisant presque oublier l'absence de
Portishead ces dernières années.