N'insistons pas sur
We insist!, ils l'ont suffisamment fait eux-mêmes, mais passons directement à
31Knots.
Et leur show plus déjanté que jamais, Joe Haege plus costumé que jamais, comme endimanché, dans sa tenue de petit soldat prêt pour la parade. Plus habité que jamais, aussi, littéralement — je veux dire : physiquement — en appui sur le premier rang du Nouveau Casino pour se maintenir sur scène.
Si ça commence comme ça, alors ça n'en finira jamais. Jamais de nous étonner. Même quand ce sont ces titres que toi et le public connaissez bien qui s'enchaînent, déchaînent le groupe, à son meilleur.
Après avoir sorti ce qui est, à ce jour, son meilleur album, comment pourrait-il d'ailleurs en être autrement pour
31Knots? Autrement qu'absolument explosif, lorsqu'éclatent les premiers accords incisifs de
The curse of the longest day. Lorsque tout ça t'explose à la figure et que tu ne peux qu'être médusé par la parfaite maîtrise du rythme, la connaissance subtile des contrastes, ce sens de la musique qu'on dirait naturel pour le décrire le plus proprement, mais qui est cultivé à l'extrême. C'est ce que te montrera le rappel, tapping dans tous les sens, sur toutes les cordes — basse et guitare — mais pas la démonstration technique. Non. Plutôt la preuve de la recherche de l'expression la plus aboutie possible de la mélodie.
Quand un groupe est à ce point magnifique sur scène, qu'est-ce qu'il te reste à faire?
Applaudir?
Oui.
C'est tout.
Alors, oui, Joe Haege va se jeter dans la foule et y chanter quelques phrases, histoire de te divertir toi et le public qui n'attendez que ça. Entre parenthèses (sans parenthèses), ça marche à tous les coups.
Et puis, une autre fois encore, moins attendue celle-là, pas attendue du tout même, en solo, guitare en mains. Seul au cœur du public. Les autres ne cessant de faire ce en quoi ils excellent. Lui, chahutant le public et finissant à terre.
Tu vois, c'est autre chose que ces groupes qui s'agitent sur scène, secouent la tête, font un peu de bruit et puis s'en vont (je n'insisterai pas…). Ce que fait
31Knots, bien au contraire de tous ces comiques malgré eux, c'est prendre des risques, des risques comme plus personne (ou presque… OK, des noms?) n'en prend.
Parce que le rock, c'est devenu tellement asceptisé que la plupart du temps, c'est mortel. Mortellement ennuyeux. Or, ce soir, avec
31Knots, pour une fois, le rock, c'est mortellement bien.