Nouvel album, Battlefield, et nouvelles influences. Comment vous est venue l’inspiration rock ?
Yann : A chaque album, on recherche une couleur, un vocabulaire musical. Sur
Naphtaline, c’était calme et enfantin. Il nous fallait une nouvelle couleur. On voulait quelque chose de plus "rentre-dedans", de plus rock. Jo en avait marre de tourner des boutons et voulait vraiment jouer. Il a repris la guitare. C’est la guitare qui a amené le rock.
Steph' : Cet album, on l’a plus joué pour laisser plus de place au rock. On n’a pas abandonné les machines pour autant. On n’est pas partisan d’une seule école.
Y : C’est venu tout seul. On pourrait penser que l’on réfléchit beaucoup, mais ce n’est pas toujours le cas. Parfois les choses se font naturellement.
Comme pour Volphoni’s Revenge ?
S : Ce titre a une histoire. On l’a écrit en vue d’une rencontre à Tulle. Il fallait lui donner sa revanche. Faire ressortir une couleur qu’il avait déjà. On a invité des cuivres pour pousser de l’air et que ça sonne.
Y : Les violons ça fait un peu plus cinéma…
Deux albums en un an… Ez3kiel devient productif ?
Y : On n’a pas fait de tournée après
Naphtaline. C’est pourtant ce qui nous fait vivre. Certains d’entre nous sont restés huit mois sans revenus. Il fallait bien que l’on s’y mette.
S : Pour
Battlefield, on a mis tous les titres que l’on avait. Il y a quelques idées qui n’ont pas eu le temps d’être développées, mais sinon tout y est.
Avez-vous le sentiment que vous auriez pu faire mieux ?
S : Oui je pense. On aurait pris plus de temps. Toutes les semaines, on se disait que l’on n’y arriverait jamais. Pour la première fois, on était dans une position de commande. Il fallait créer le contenu, pas parce qu’on avait l’inspiration, mais parce qu’il fallait la trouver.
Y : Mais vu les conditions, je trouve qu’on s’en est pas mal sortis ! Le travail n’était pas le même. On a dû rester enfermé à jouer. De toute façon, on ne pouvait pas marche arrière.
D’où la tournée si rapide après la sortie ?
Y : Oui, on avait les dates avant même d’avoir fini de composer.
S : On a eu très peu de temps pour répéter. C’est un peu fait à l’arrache. Et comme on joue tous les soirs, on n’a pas le temps de rectifier.
Comment a réagi le public jusqu’ici ?
S : Les gens sont… Comment dire… Attentionnés. Attentionnés sur les nouveaux morceaux. Passionnés sur les anciens. C’est pas encore le gros bordel en fait. L’album est tout récent et le public découvre sur scène. Peut-être qu’il vient avec des idées arrêtées sur Ez3kiel.
Y : Ca fait deux ans que l’on n’a pas joué. On est fragiles sur scène, moins à l’aise.
Barb4ry, on l’a joué je ne sais pas combien de fois. Je ne me rappelle même plus des débuts de cette tournée. En plus Steph’ a dû ingurgiter tous les anciens morceaux.
Un nouveau membre parmi vous. Comment s'est passée l’intégration ?
Y : Vite ! Il a dû s’y mettre immédiatement, même si l’on avait déjà travaillé ensemble sur
Naphtaline. On a senti nos limites à trois, surtout que je faisais de plus en plus d’image et moins de musique. Après avoir joué avec
Daau, on était un peu frustré de ne pas avoir autant de mélodie. Lui est multi-instrumentaliste et sort du Conservatoire… Nous, on est tous autodidactes. (En le regardant) On se complète bien.
Quel regard posez-vous sur la crise du disque ?
Y : Il faut s’adapter. On perd un support avec le Cd. Ez3kiel fait partie de la génération qui a grandi avec le disque, donc on s’y accroche un peu, mais il existe d’autres moyens. On peut charger des animations, réaliser des clips vidéos interactifs…
Quel est le programme des mois à venir ?
Y : La tournée. On joue quasiment tous les soirs en ce moment. On expérimente un peu tous les types de scènes. Il y a un projet d’installation qui tourne en France, des machines basées sur le projet Naphtaline. Ensuite, on verra. On réfléchit à une création avec deux artistes contemporains slovènes. On a des idées en tête.