Pas vraiment un album solo puisqu'accompagné de Pieter Bourke,
Duality débarque en 98, édité chez
4AD. Assez différent de
The Mirror Pool, on peut tout de même ressentir la griffe de Lisa. Percussions en avant, moins orchestrales, claviers omniprésents, et chant lyrique de rigueur.
Shadow magnet ouvre le bal sublimement. L'intro est purement ambiente. Violons analogiques et chant ultra-envoûtant. Puis une derbouka frénétique fait son apparition, suivi de près par des grelots et une flûte lointaine. Le morceau décolle instantanément et se couvre des couleurs chatoyantes de la musique maghrebine.
Tempest, que l'on peut retrouver sur la b.o de
The Insider, part sur les chapeaux de roues grâce à un rythme soutenu qui n'est pas sans rappeler celui de
Frontier sur le premier
Dead Can Dance. Alternance de montées explosives, puis de passages rituels, tribaux et hypnotiques à souhait. Quand le passé danse avec le présent.
Forest veil se teinte de sonorités asiatiques. Calme et déterminé, le refrain à plusieurs voix envahit l'espace et apporte une sensation de fraîcheur apaisante.
The conforter et
The unfolding s'enchaînent en un seul et même solo de Lisa, à plusieurs voix également, typiquement baroque. Divine symphonie pour qui sait l'entendre. Retour aux rythmes tribaux avec
Pilgrimage of the lost children. On se rend compte de la facilité déconcertante avec laquelle Lisa crée des ambiances mystiques et contemplatives. Une vraie berceuse contre les angoisses. Vient ensuite
The human game, seul et unique maxi de l'album. Plus long que la plupart des autres titres, il peut se découper en deux parties distinctes: une intro très lyrique, chant pénétrant posé sur clavecin et, nappes magistrales. Puis un rythme de percus, semi-virtuelles, démarre et fait penser immédiatement à
Soma. Surprenant au premier abord, c'est en fait une nouvelle expérience musicale à laquelle se prête
Lisa Gerrard. Quelques sons electro vont et viennent, l'ambiance orchestrale monte de façon empirique, on peut même s'apercevoir qu'un beat tech, lent et étouffé il est vrai, restant sous-jacent, invite à la danse immanquablement. Petite précision, Lisa chante en anglais, ce qui constitue là une autre surprise. Retour à l'ambient durant
The circulation of shadows et
Sacrifice. Toujours aussi profond et touchant.
Nadir, beaucoup plus optimiste et festif, réveille l'auditeur endormi. Atmosphère de réjouissance orientée sud-américaine. Percussions traditionnelles et chant exprimant bonheur et gaieté.
Au final un très bon album métissé, surprenant, parfait exemple de mixité sonore entre le passé et le présent. A réserver aux amateurs de voyages immobiles et spirituels.
Chroniqué par
Yragael
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