Daudi Matsiko

Petit retour sur une étoile filante que nous avons hélas loupée en ce début d'année et qui mériterait toute l'attention de celles et ceux qui apprécient la folk intimiste anglophone. Tantôt celle imprégnée d'une mélancolie à fleur de peau que l'on retrouve notamment chez Sufjan Stevens (Annihilation) ou dans les comptines-complaintes de Sparklehorse (Guilt), tantôt celle sachant maîtriser l'art du dépouillement à la perfection (Falling, I Am Grateful For My Friends) dans une veine proche de Nick Drake.

Rares sont d'ailleurs les premiers albums – le second si on compte son double EP An Introduction To Failure de 2017 – visant d'entrée de jeu un tel geste d'épure avec une telle assurance. Cela ne fait aucun doute que ce songwriter britannique d'origine ougandaise croit dur comme fer en la magnificence de ses chansons entre ciel et terre écrites pourtant dans une période quasi dépressive de sa vie, Daudi Matsiko ayant perdu un proche.

Pour conjurer le sort, certaines compositions s'élèvent subtilement via des arrangements pointillistes et bourgeonnants (Fool Me As Many Times As You Like, I Need You To Stop Calling My Phone) pouvant parfois évoquer ceux de l'anglaise Kate Stables chez son groupe This Is The Kit (ici ou là) et enrobant merveilleusement la sensibilité de sa voix et de son jeu picking folk ainsi que les sujets difficiles qu'il aborde (Derby's Dose ci-dessous, la "dose de Derby" étant une torture utilisée en Jamaïque pour punir les esclaves qui tentaient de s'échapper ou commettaient des délits dans les plantations appartenant à Thomas Thistlewood).