Le nouvel album de Laurel Halo devrait combler ceux qui avaient apprécié le virage ambient que la compositrice amorçait en 2018 avec Raw Silk Uncut Wood (et son sublime et lancinant morceau-titre). La DJ californienne quittait alors ses accointances pour la techno et la musique électronique mais gardait toutefois un goût prononcé pour l'hybridation sonore. C'est cette dernière qui prédomine sur Atlas, une œuvre exigeante se laissant difficilement apprivoiser, notamment lors d'un premier tiers (l'enchaînement Naked to the Light / Late Night Drive / Sick Eros) dans lequel semble régner une certain trouble ayant tout à voir avec la présentation que Laurel Halo a choisi pour illustrer sa cover : au crépuscule du jour et dans le flou.
Atlas est ainsi traversé de collages abstraits baignant dans un jus électroacoustique et mêlant des textures diverses produisant entre elles une forme de confusion assez captivante. À partir de la magnifique Belleville (ci-dessous), judicieusement placée au centre de l'album, le brouillard sonore de Atlas va progressivement s'estomper et laisser transparaître de purs moments de grâce flottante à la frontière de l'ambient jazz et du modern classical (Atlas, Reading the Air, Earthbound) plus quelques parenthèses enchantées (Sweat, Tears or the Sea, You Burn Me). Comme tous les albums de Laurel Halo, Atlas est moins cérébral que purement sensoriel, on s'aventure en lui comme on prolongerait une nuit d'ivresse. Et on achève son écoute légèrement dans le coaltar en se demandant ce qui a bien pu se passer.
Chroniqué par
Romain
le 24/09/2023