Si cela fait maintenant six ans que Radiohead manque à l'appel, admettons toutefois que certains membres du quintet d'Oxford – et pas des moindres – nous gâtent via leurs projets annexes et comblent ainsi cette absence par des œuvres d'une ambition toujours maintenue à haute altitude. Après le magnifique album ANIMA de Thom Yorke en 2019, voici donc The Smile, nouveau trio constitué de ce dernier et de Jonny Greenwood soit les deux têtes pensantes aux commandes de Radiohead, ainsi que du batteur Tom Skinner officiant également dans le groupe de jazz londonien Sons of Kemet.
A Light for Attracting Attention peut s'entendre de deux manières différentes. L'album semble d'une part remplacer ce qui aurait dû être un nouvel opus de Radiohead, projet en partie avorté par les confinements successifs liés à la pandémie et la difficulté pour les cinq membres du groupe à pouvoir se réunir. Ce disque plutôt généreux (13 titres) est d'autre part une synthèse de la belle constellation sonore Radiohead de ces vingt dernières années comme l'était Hail to the Thief à son époque, œuvre piochant dans le passé pour mieux faire le point et repartir de plus belle. En résulte ainsi un album à la fois inédit, réconfortant et sans cesse stimulant à défaut d'être cohérent dans son ensemble.
Du déconcertant The Same en ouverture s'échappant des atmosphères électroniques parfois poisseuses d'ANIMA à un sublime Skrting on the Surface de clôture, morceau joué lors d'anciennes tournées de Radiohead et qui aurait parfaitement eu sa place sur un nouveau cru de la bande, A Light for Attracting Attention offre un tableau réjouissant de la palette multifacette du Thom Yorke de ces dernières années, Atoms For Peace inclus. L'anglais allant d'ailleurs jusqu'à puiser dans les sonorités suspendues de sa bande-son dérangeante pour le film Suspiria (Pana-vision, Waving a White Flag) ou à revenir simplement à la fraîcheur de magnifiques chansons pop (Free in the Knowledge) voire à la brutalité d'un rock pour le moins frontal (You Will Never Work in Television Again, We Don't Know What Tomorrow Brings). Lorsqu'il lâche sa guitare sinueuse et savante, Jonny Greenwood poursuit quant à lui sa quête de l'arrangement symphonique parfait (la mélancolique Speech Bubbles flirtant avec les plus beaux moments d'A Moon Shaped Pool).
Que l'on ne se méprenne cependant pas : The Smile n'est pas un projet solo mal déguisé qui ressasserait le passé mais bel et bien un groupe soudé à l'allure dynamique et aux idées percutantes. Ce Radiohead en comité réduit est certainement stimulé par l'envie d'échapper à la pression que suppose la sortie d'un nouvel album du quintet toujours attendu au tournant, et bien sûr esquiver l'artillerie lourde qui s'en suit. Le groove rythmique de Tom Skinner sur des morceaux comme The Opposite ou The Smoke laisse même à penser que The Smile souhaite surtout jouer et prendre son pied. Et c'est peu dire qu'on le prend également à l'écoute de ce disque.
Chroniqué par
Romain
le 13/05/2022
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