Oren Ambarchi / Johan Berthling / Andreas Werliin

On connaît d'abord Oren Ambarchi pour ses albums solo distribués chez quelques prestigieux labels, de ses première œuvres ambient électro-acoustiques chez Touch au début des années 2000 (les minimalistes Suspension, Grapes From The Estate, In The Pendulum's Embrace..) à ses dérives kraut-electronica qu'il signera plus tard aux Editions Mego (Sagittarian Domain). Mais on connaît également Oren Ambarchi pour ses diverses et multiples collaborations avec une ribambelle d'improvisateurs de la scène expérimentale tout aussi chevronnés que lui. Citons pêle-mêle Jim O'Rourke, Keiji Haino, Merzbow, le collectif Fire! ou encore les batteurs free-jazz Will Guthrie et Eli Kezler.

C'est justement une nouvelle collaboration qu'Oren Ambarchi nous offre aujourd'hui avec ce beau Ghosted. L'australien s'éloigne cette fois-ci des déviances parfois bruitistes de ses précédents albums pour titiller l'essence même du jazz, mettant ainsi à l'honneur l'improvisation bien sûr mais aussi le plaisir d'un jeu fortement percussif et la matière sonore brute, souvent acoustique, des musiciens qui l'entourent, à savoir les suédois Johan Berthling à la basse et Andreas Werliin à la batterie.

En résulte un album à la fraîcheur inédite divisé en quatre parties distinctes avec comme seul fil rouge les émanations synthétiques et distordues d'Oren Ambarchi enfumant la pièce. Ce jazz hypnotique en formule trio se développant sur de longues compositions peut quelquefois rappeler celui d'autres australiens : The Necks (III et ses 15 minutes insistantes et évolutives). Ghosted se termine par un titre à la lourdeur surprenante, une sorte de blues-country crépusculaire à l'ambiance western que n'aurait pas renié Swans, et ouvre peut-être la voie à d'autres aventures musicales inspirées, collaboratives ou non.