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Swans

: To Be Kind



sortie : 2014
label : Mute Records
style : Noise / Post-punk

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Tracklist :
1/ Screen Shot 2/ Just A Little Boy ( for Chester Burnett) 3/ A Little God In My Hands 4/ Bring The Sun/ Toussaint L'Ouverture 5/ Some Things We Do 6/ She loves Us 7/ Kirsten Supine 8/ Oxygen 9/ Nathalie Neal 10/ To Be Kind

Avec ce troisième album depuis la réactivation de Swans en 2010, Michael Gira et ses acolytes, - augmentés d'invités aussi divers que St. Vincent, Julia Kent ou Cold Specks - se livrent à un exercice d'hypnose collective. Hypnose, envoûtement, aucun mot n'est trop radical pour décrire l'expérience sonore que nous ferons pendant les deux heures de l'album To Be Kind. Deux heures en simplement dix titres. Sans doute le temps nécessaire pour que chaque morceau fasse son effet.

Depuis Michael a poussé à l'extrême la volonté d'indépendance, qu'il avait déjà largement sur son propre label Young Gods Records, en finançant et assurant lui-même la production de l'album, avec l'aide pécunière des fans du groupe. L'ensemble a pu ainsi être réalisé patiemment par les six vénérables orfèvres de Swans, essayé une première fois lors de la tournée précédente, puis développé en studio avant d'être enregistré en dix jours à Berlin. Cette liberté assurée par l'auto-financement était peut-être nécessaire pour ne pas retomber dans la pente qui avait conduit à la dissolution des Swans en 1997 (on se souvient encore de l'acte de mort du groupe, Swans are Dead). La bande à Gira a débuté à la même époque que Sonic Youth, dans le Lower East Side du début des années 80, en pleine effervescence No-Wave et font partis des groupes incontournables pour comprendre l'émergence du rock alternatif. Or, malgré toute la ferveur de leur musique, Michael Gira n'a pu qu'être en proie à la plus grande des désillusions. Le rock alternatif n'était plus un lieu d'expérimentation mais avait lui aussi ses normes comme le rock "officiel". Un gouffre que les ultimes albums du groupe ne parvient à combler.

Dans ces conditions la réactivation des Swans, comme si la notion de reformation entraînaît avec elle un soupçon de nostalgie, n'avait de sens que si cette désillusion pouvait être dépassée. Dès Screen Shot qui ouvre l'album, on comprend l'équation que devait résoudre Gira et sa troupe : transposer la violence des concerts dans un enregistrement studio. Pourtant, le son c'est en un sens adouci, il est pour ainsi dire plus musical, ce que ne veut pas dire plus mélodieux. Au contraire, les changements opérés depuis leur retour en 2010 avec My Father Will Guide Me Up A Rape To The Sky sont étonnants. En quatre ans, toutes les mélodies folk et leur alternance avec des morceaux brutaux et expérimentaux ont disparu.

En fait, l'opérateur employé dans A Little God In My Hands, She Loves Us ou dans Oxygen est une répétition lancinante du même thème. C'est cette boucle sans fin qui est à l'origine de l'aspect hypnotique de l'album, véritable solution au problème rencontré par Gira. Cette opérateur parcourera l'album en étant enrichi à chaque morceau. Pourtant, loin de se contenter de ce moyen pour canaliser la violence du live tout en gardant son intensité, Kirsten Supine, en souvenir de la scène où Kirsten Dunst apparaît nue dans Melancholia, présente une violence plus brute, qui apparaît et disparaît comme autant de vagues, alors que Bring The Sun/ Toussaint L'Ouverture s'étend sur trente-trois minutes pour s'approcher des développements possibles en live, tentative déjà expérimentée dans The Seer du précédent album, et pour nous faire vivre une véritable immersion dans l'univers de Swans, un univers à la fois sombre et exigeant. La musique devient plus qu'un art, mais une passion aussi impérative qu'une éthique.



Chroniqué par Patrice Vibert
le 13/05/2014

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