Technique rendue célèbre par le musicien John Cage, le piano préparé consiste à faire intervenir différents objets placés sur les cordes de l’instrument pour en altérer le ton et la sonorité. L’allemand Volker Bertelmann explore la thématique de la ville oubliée en reprenant l’idée et en y ajoutant ses multiples influences.
Depuis quelques albums – dont le bien nommé The prepared piano – Hauschka fouille cette technique pour en tirer les sonorités les plus étranges, les plus variées et donner à son piano un pouvoir de transformation incroyable.
Abandoned City se construit une place à part, entre musiques électroniques et musiques contemporaines, en ne boudant pas pour autant un aspect plus pop (plus présent chez des musiciens comme Olafur Arnalds). Grâce au travail de programmation et d’effets appliqués sur l’instrument par l’ordinateur, le piano d’Hauschka devient tour à tour percussif et rythmé comme sur l’oriental Thames Town (qui ressemble étrangement aux dernières compositions de Bachar Mar Khalifé), Agdam et Bakerville ou plus inquiétant et mélancolique comme sur les titres Elizabeth Bay, Pripyat ou Sanzhi prod city.
La démarche du musicien est multiple. D’un côté, Hauschka crée cette électro sans machines, acoustique, un peu à la manière de ses confrères plus nombreux de The Brandt Brauer Frick Ensemble ou du trio Aufgang. Si ce n’est pas nouveau, cela n’en reste pas moins réussi et d’une grande musicalité. Ici le piano à lui seul (aidé de quelques overdubs et autres effets) retransmet l’effet rythmique, répétitif, de l’électro. L’autre aspect de la musique d’Hauschka est celui du créateur d’ambiances et de climats.
Dans cette ville abandonnée, l’écho est roi et tout résonne. C’est comme si les murs pouvaient parler : les sons craquent, grincent, tombent en poussière. Sur Abandoned City tous les édifices y vont de leurs mélodies, créant une symphonie entre cacophonie et musicalité.
Haushka, musicien hors pair, allie ses talents de pianiste classique et ses goûts multiples pour inventer une musique à la fois électronique et contemporaine, industrielle et imaginaire, résoluement moderne.
Chroniqué par
Noémie
le 14/04/2014