Cet album est un O.V.N.I. musical. Le mélange pop, folk et électro est décapant. Les fans de la période calme de
Air auront du mal à s'accrocher à la première écoute, tant le changement est abrupt.
L'album est d'une variété rare. On y retrouve un son énorme, des rythmes percutants (
Electronic Performers), des refrains pop à la sauce
Beatles (
How Does It Make You Feel?), un tube à prendre au 36ème degré parodiant les groupes qui régnent sur la bande F.M. (
Radio #1). On y rencontre également le prodigieux
Beck la voix torturé sur un titre folk teinté d'harmonica et de rythmes stranges (
The Vagabond). Nous continuons avec un retour aux sources instrumentales planantes du groupe avec une flûte de pan à la
Money Mark du plus bel effet accompagnées évidemment de guitares, synthés, pianos... (
Radian). Ensuite nous rentrons dans la partie plus électro de l'album avec un titre vocodé de paroles mornes et mélancoliques avec l'accompagnement de voix féminines venues du paradis avec un beat angoissant omniprésent (
Lucky and Unhappy). Pour rentrer encore un peu plus dans une ambiance étrange,
Air nous offre un chef d'oeuvre avec l'aide de
Buffalo Daughter (
Sex Born Poison). Le début ressemble à une contine pour zombie ou rescapé d'une ville détruite jusqu'à l'entrée de Buffalo Daughter qui font paniquer les synthés et les violons par leur chant mi japonais mi anglais qui donnent un style futuriste et triste. Les voix retombent, une guitare en échos sert d'intermède et les plaintes "japoglaise" repartent de plus belle accompagnées d'un rythme issu d'un Matmos et compagnie, la chanson se termine avec des envolées de violons. Après ce chef d'oeuvre le groupe repart dans un titre similaire à
Sex Born Poison, comportant des paroles décrivant la vie d'un americanisé commercial le tout accompagné par des bruits urbains imités par des machines inconnues (
People in the City).
Après cette partie assez pessimiste, le groupe repart dans une ballade issue d'un western du futur avec un cowboy chanteur, un harmonica, une guitare folk et un riff merveilleux au piano. Des femmes sorties de nulle part chantent sur la fin du morceau qui se termine en douceur(
Wonder Milky Bitch).
Air continue d'étonner avec un titre tout droit sorti d'un
Pink Floyd du futur (
Don't Be Light). Le duo a invité un grand nombre de ses amis pour faire ce titre. Des chants, "Don't be light", arrivent d'un peu partout avec un ton très rétro, la batterie est énergique comme en attente de quelque chose, un solo de basse saturée de
Jason Falkner enflamme le titre. Enfin,
Air finit l'album par un morceau détaché du reste,
Caramel Prisoner, qui porte bien son nom : on a vraiment l'impression que quelqu'un est coincé dans un caramel gluant. Des sons caramélisés nous envahissent, puis tout redescend, les nappes restent et Là, c'est le meilleur moment, une guitare acoustique arrive calmement, des échos de synthés au loin, le caramel fond... il enferme le prisonnier pour toujours, l'album se termine...
10 000 Hz Legend est un album spectaculaire.
Air a voulu faire une oeuvre à l'image des Etats-Unis, parfois génials, parfois horribles (folk, refrains, ville, western, tubes F.M.). Ils ont fait appel à
Beck ainsi qu'à Roger Manning et
Jason Falkner de
Jellyfish, le bassiste les accompagnera lors de la tournée. Personne ne s'attendait à cet album,
Air a fait progresser son style de la plus belle des manières...
Chroniqué par
le 00/00/0000