Le secret le mieux gardé de l'electronica française ? Y'a des chances. Et en parlant d'aubaine, on n'est pas peu fier d'avoir eu celle d'être dans la confidence depuis leur début.
Plus de cinq ans à se laisser mettre l'eau à la bouche et les sens à l'envers par ce duo de franc-tireurs. D'abord
8Floors Lower et son electronica mâtinée d'ambient, puis
Entre3Villes, où les expérimentations post-rock se font jour, et aujourd'hui
Kurz vor5, plus noise, plus indus. Mais toujours aussi pointu, sensoriel et sombre.
Avançant masqué, le duo a eu tout le loisir de laisser libre court à son imagination - c'est là l'avantage de l'indépendance semble-t-il - donnant corps à une esthétique sonore singulière, reflet essentiel de ses états d'âme. Ce Lp flotte ainsi entre spleen et gangrène mentale, rage et douceur délétère.
S'interdisant l'égocentrisme de la confidence comme l'arrogance de l'expérience, ils livrent là en neuf titres chrono toute l'étendue de leur talent. Un savoir-faire et une classe que l'on pressentait éloquents, et qui avec ce
Kurz vor5 s'avèrent immenses. Oui, les superlatifs volent, mais dites vous bien qu'ils sont au niveau de la puissance d'un disque qui n'a d'autre ambition que de ressembler à ses créateurs, deux intelligences connectées au possible, mises au service de leur créativité (il faut [re]écouter
User ok feelings rejected au creux duquel brûle encore les cendres de
Suicide).
Cerise sur le gâteau : les voix et textes colossaux de
Black Sifichi et
Phil Von (des
Von Magnet) et la production experte, hallucinante de circonspection de
Norscq, membre à part entière de cette bande de producteurs brillants.
2Kilos &More, un secret qui va être de plus en plus dur à garder en somme. C'est tout le mal qu'on leur souhaite.
Chroniqué par
Yvan
le 11/01/2013