J'avais oublié ce groupe, ou presque. Retrouvé en live, par hasard, ou presque. Retrouvé le style emo / math-rock / punk-rock, trio au pouvoir, qui ne doute de rien, et certainement pas de sa capacité à remuer les sentiments, leurs corps, et tous les corps.
Standard, oui, dans une certaine mesure, cette musique l'est. Pas l'incarnation de l'originalité, non. Alaska Pipeline, ce n'est pas ça. Mais : un son fort et juste. Qui te prend, comme cette voix, la tête, la batterie, le rythme, le cherche, l'oublie, fait n'importe quoi, retombe sur ses pieds, parce qu'elle savait toujours où elle allait. Refrains directs, comme de l'hémoglobine. Non. De l'emoglobine. C'est ça, plutôt. Comme si on disait : casser le rythme, c'est une chose, mais faire des chansons avec des rythmes qu'on casse, c'en est une autre. Ils choisissent l'autre. Pas les variations infimes, les variations ultimes. Et, si elles sont prévisibles, elles n'en arrachent pas moins pour autant. Elles nous arrachent au moins à notre torpeur. À notre solitude. Pas de la pop. Mieux que ça, encore. Titres enchaînés sans répit. Pas le temps de tergiverser. Pas le temps de réfléchir beaucoup, non plus. L'envie simple et justifiée d'en découdre. Prendre un certain plaisir à prendre un plaisir certain. Comme ce temps des chœurs qui dure à peine sur White walls. Parodie de la parodie, c'est-à-dire : affirmation. Une manière de plaisir punk retrouvé. Douze titres. Vingt-cinq minutes.
Un bon disque, en somme.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 27/04/2011