"J'ai choisi le nom de Melodium en raison de mon amour pour les mélodies." Inutile de chercher plus loin. Laurent Girard
"fait de la musique comme d’autres font du bricolage." Passion du dimanche qu'il exerce depuis assez longtemps pour afficher dans sa discographie pas loin d'une quinzaine d'albums. Ses compositions sont toujours axées autour d'une mélodie. Quelques accords, la plupart du temps, sur lesquels il pose plus tard une ligne mélodique très simple. Une recette vieille comme le monde qui l'assure de faire mouche à chaque fois – ce n'est pas
Yann Tiersen qui dirait le contraire !
Laurent Girard choisit la facilité et l'assume.
"La vie est assez chiante pour que je ne m’impose pas des contraintes lorsque je compose, confesse-t-il." C'est dans une galerie de carrousels, de boîtes à musique aux fées gracieuses qu'il nous plonge, allant chercher dans notre sensibilité cette capacité à s'émouvoir d'harmonies occidentales que nous avons acquise dès notre plus jeune âge. Puisque notre oreille a depuis été entraînée à comprendre et apprécier des choses plus complexes, les pièces enfantines de
Melodium deviennent une injonction à redécouvrir l'essentiel : la musique dans son plus simple appareil. Dès lors, la perception change. Chaque stimuli, chaque détail insignifiant de la vie quotidienne prend une tournure mélo-dramatique. Le paysage qui défile à travers la vitre du RER devient le fond d'une introspection biographique, la foule dans laquelle on s'enfonce fait naître en nous une solitude soudaine. Il n'aura pourtant fallu à
Melodium que peu de choses pour susciter cela. Une idée un peu naïve jetée sur le clavier, une guitare ou un melodica, une rythmique, éventuellement, et quelques effets de quoi rouiller le son. Un seul thème développé, et plutôt que de proposer l'interlude standard, l'Angevin préfère couper court au bout de deux minutes et des poussières.
L'expérience est malheureusement de courte durée, puisque les dix pistes n'offrent au total qu'un peu plus de vingt minutes de musique. Trop peu, sans doute, pour se plonger pleinement dans cet album.
Petit Jama n'en reste pas moins un disque enchanteur, dont les charmes intimes rappelleront peut-être à certains le
Naphtaline d'
Ez3kiel, voire l'
Hypersona de
36. De la musique délicate pour âmes vulnérables. De la musique à consommer comme une friandise, sans trop abuser cependant de ce plaisir fugace sous peine de se lasser.
Chroniqué par
Tehanor
le 15/02/2011