Seas Between est le premier album de l’Américain
Corey Fuller et il s'est classé en tête des ventes du label
Dragon’s Eye Recordings l'an passé.
Le succès qu'il a remporté s'explique sans doute beaucoup par le fait que tout y est affaire de mélodies hivernales. Mais en cela
Seas Between n’a bien sûr rien de révolutionnaire. Il se contente de délivrer une musique profonde aux effets psycho-actifs immédiats. On le situerait par exemple volontiers entre les travaux de
Chihei Hatakeyama et ceux de
Taylor Deupree.
Les six compositions de l'album gagnent toutefois en densité grâce aux nuances électro-acoustiques et modern classical apportées par le travail de l’Américain et de ses nombreux invités. Les arrangements sont plutôt soignés malgré qu’on trouve un très large panel d’instruments (toutes sortes d’orgues, de guitares, de pianos, plus un vibraphone, un accordéon, des gamelans, des cymbales, des sons capturés en studio et des field recordings), toujours victimes, comme le veut désormais la tradition, de tous les traitements et manipulations imaginables.
Mais au-delà de l’aspect purement technique,
Seas Between est surtout un album d’impressions. Les rumeurs de l’océan pacifique, qu'on distingue derrière les volutes changeantes et opaques des drones, tiennent lieu de décors fantasmagoriques.
Corey Fuller a vécu des deux côtés de l’océan, bringuebalé sans arrêt entre l’état de Washington et Tokyo: deux mondes, deux pôles quasiment opposés. Ainsi le Japonais d’adoption esquisse une méditation musicale parfois très dramatique sur le temps et l’espace, la mémoire et l’impermanence des choses.
A noter qu'une nouvelle édition de l'album (
Seas Between+), agrémentée d'une composition inédite, est sorti cette année.