Le wobble a toujours garanti aux DJs de dubstep un certain succès face à un parterre de teufeurs bourrés. Techniquement, il fait référence à un son de synthétiseur sur lequel on fait jouer un filtre de manière à provoquer ce rugissement typique du genre.
En fait, le wobble s'est montré si efficace en live que certains producteurs ont fini par ne plus faire que ça. Et c'est peut-être ce qui a provoqué son désamour. Le wobble est devenu pour quiconque s'intéresse au dubstep synonyme de facilité. Nous en sommes tous venus à partager tacitement cette règle selon laquelle un bon producteur devrait, s'il en fait l'usage, distiller le wobble avec parcimonie et bon goût. Et c'est justement la profanation de cette règle qui pousse
Borgore à se présenter comme le mec le plus détesté de la scène.
Ce batteur de métal a pris l'exact contre-pied de cette tendance, pissant joyeusement sur toute subtilité pour abuser du gros wobble qui tâche. Et quitte à enfreindre la règle, autant ne pas faire les choses à moitié. Le wobble de
Borgore ressemble aux gutturales porcines d'un chanteur de grindcore, ce qui lui donne plus de gènes à revendiquer du côté d'
Otto Von Schirach que chez
Skream. Son kick a été piqué sur un drumkit pour métalleux. Ses paroles tapent dans le machisme provoc', faisant de lui un genre d'
Orelsan du dubstep. Ce gars draine son lot de haters et a bien compris que pousser le bouchon plus loin encore ne ferait qu'accroître son succès. Vous comprenez maintenant ce qui pousse l'Israelien à baptiser sa galette "Borgore Ruins Dubstep." De là à inventer son propre style, il n'y avait qu'un pas que le producteur a franchi avec son auto-proclamé "gorestep".
Pour autant, contrairement à ce qu'on pourrait attendre d'un tel disque,
Borgore ne propose pas huit titres de dégueulis dubstep. Une constante chez notre homme consiste à démarrer le morceau par n'importe quoi qu'il puisse ensuite massacrer vers 1 min 02. Vous aurez droit pendant cette trêve à pas mal de 8-bit (
Thoughts,
Money,
Broken Rulz), du rap (
Nympho,
Money) du r'n'b (
My Favourite Tingz) et quelques mélanges aussi douteux que peut l'être l'accompagnement d'une chanteuse jazz par les grouinements synthétiques du producteur (
Cry Me A River).
La musique de
Borgore consiste à pousser le dubstep jusqu'à son paroxysme, et à enduire le résultat d'une couche de bêtise bien grasse. C'est pour ça qu'on l'aime.
Chroniqué par
Tehanor
le 25/09/2010