Pour son huitième album, la bande de joyeux drilles emmenée par
Thomas Weber a quelque peu revu sa formule. On ne parlera pas nécessairement d’un changement de cap mais plutôt d’un réajustement formel au profit d’une musique plus pop et structurée, plus directe en fait.
La réelle nouveauté est l’omniprésence du chant. Il est assuré de fort belle manière par
Heike Aumüller, un des pivots historiques de la formation. Elle apporte avec sa voix un peu glacée, un peu fragile, une douceur extrême aux compositions, se permettant même quelques balbutiements jazzy. Bref, elle arrive à amener une touche de fantaisie ou de folie qui fait parfois défaut au reste de l’album.
Le
Kammerflimmer Kollektief a certes pris le risque de se remettre en question, ce qui est louable. Malheureusement il renie trop souvent la liberté de ton qui était la sienne. Les improvisations incantatoires et les touches électroniques sauvages ont quasiment disparu pour laisser la place à des ballades folk cosmiques moins étonnantes.
Il est vrai que le format de compositions plus traditionnel impose à Weber et ses comparses un travail d’écriture plus strict, plus téléguidé. De la part des Allemands, on n’y était pas vraiment habitué. Il faudra donc s’y faire.
Malgré ce canevas plus resserré, les arrangements du Kollektief demeurent absolument limpides et classieux. Et puis le côté éthéré voir carrément « stone » de l’ensemble charme immédiatement. Paradoxalement, les quelques morceaux qui rappellent les éléments plus progressifs des précédents albums ne sont pas forcément les meilleurs, comme la pièce marathon
In Transition (une des deux pistes à dépasser les 5 minutes).
Ailleurs, néanmoins, le final bruitiste de
Cry Tuff et le scat d’Aumüller sur l’exotique
Aum A Go-Go font des miracles. A leur décharge, les titres les plus pop font tout de suite mouche comme le prouvent les morceaux d’ouverture
Move Right In et
Silver Chords.
Pour le reste,
Wildling fait la part belle aux comptines folk/country lunaires et cotonneuses. Le tout agrémenté de discrètes touches jazzy, à la
Cinematic Orchestra.
En fait il est difficile de mettre des mots sur
Wildling. C’est un bon album. Peut-être pas l’album qu’on attendait du
Kammerflimmer Kollektief. Mais le temps pourrait jouer en sa faveur... Il n’y aurait rien d’étonnant à cela.