En juillet dernier, Danielle Baquet-Long, la moitié féminine du duo
Celer, disparaissait, terrassée par une crise cardiaque à l’âge de trente ans. La nouvelle se répandit sur la toile comme une tâche d’encre sur un buvard, provoquant surprise et émotion. Six mois se sont écoulés depuis et le processus de postérité, voire de popularisation post-mortem, a fait son travail.
Celer est devenu quasi culte (si ce terme veut encore dire quelque chose).
Mais au-delà de ce phénomène inhérent aux morts d’artistes, 2009 aura été une nouvelle fois l’année de tous les superlatifs pour le couple Will et Danielle Long. On les savait extrêmement prolifiques - et ils n’ont d’ailleurs failli en rien à leur réputation - c’est surtout leur capacité à marquer les esprits à chacune de leur sortie qui a forcé le respect. A cela il faut ajouter la longue liste des labels qui ont soutenu les époux Long dans leur cheminement musical. On notera parmi eux les prestigieuses maisons
12k,
Spekk,
Dragon’s Eye Recording et
Home Normal. De quoi se faire une idée de la reconnaissance dont ils ont pu bénéficier dans le milieu.
Ce mois-ci, c’est au tour du label de Philadelphie
Sentient Recognition Archive de publier la dernière livraison en date du duo :
Close Proximity and the Unhindered Care-All. Album enregistré entre décembre 2008 et janvier 2009.
Close Proximity, telle une gigantesque fresque, dresse en trois compositions fleuves des paysages mentaux solitaires et reculés. Si, sur la forme, on pourrait le mettre sur un même pied d’égalité qu’un album comme
Engaged Touches,
Close Proximity propose de manière plus convaincante encore des pièces à tiroir qui ne cessent de se réinventer au fil de l'écoute. Mais ce qui fait vraiment la différence, c'est l'accent mis ici sur l’interaction entre : d'un côté les envolées dramatiques, les long développements allant crescendo et decrescendo ; et de l'autre, les field recordings, toujours imprégnés d'un certain mystère. On sent chez
Celer comme la volonté de nous raconter une histoire, ou du moins d'en proposer les fragments. Et à nous dès lors de les recomposer au gré de nos divagations intérieures. On se prend ainsi à parcourir des territoires proches de ceux que nous proposait tout récemment le dernier album de
Solo Andata. Mais peut-être en moins tape-à-l'œil, ce qui n'est pas pour déplaire.
On demeurera une fois de plus subjugué par la profondeur émotionnelle du propos.
Celer sait comme personne comment atteindre les zones inexplorées de notre esprit, cela se vérifiant à chacun de leurs albums. Et
Close Proximity and the Unhindered Care-All pourrait bien être l'un des plus beaux que les époux Long nous aient offert cette année.