Ryan York n'a pas choisi son pseudonyme par hasard.
Asura fait référence au recueil "Printemps et Asura", de Kenji Miyazawa. Considéré comme le plus grand poète japonais du vingtième siècle, Miyazawa dépeint de manière très personnelle et spirituelle les paysages japonais qu'il confronte à ses sentiments de désespoir, d'apitoiement et d'exaltation. Ainsi, Ryan explorerait à travers sa musique la dissolution de soi et de l'environnement par la force de l'émotion. Le souffle artificiel, la distorsion, les filtres, tout ce que le producteur inflige volontairement à sa musique pour la "salir" (
I've Seen You In Vice) renvoie donc peut-être, à la lumière de ses prétentions, à cette idée de dissolution ; le côté aérien à l'environnement, tandis que les parties mélodiques ou le jeu de guitare incertain (
The Eleventh) seraient de l'ordre de l'émotion.
Mais si Miyazawa fut en son temps un véritable novateur - les Japonais lui doivent le vers libre -
Asura s'éloigne peu des sentiers battus. Sa musique emprunte autant à
Boards of Canada (certains synthés rappellent ceux du duo) qu'à
Clark (le clin d'oeil sur
Orrorin est frappant), ou même
Bibio pour la
folktronica qui conclut l'album. Le producteur offre malgré tout des compositions personnelles que les amateurs sauront apprécier à leur juste valeur. Une œuvre dans l'air du temps, un son à la "
Warp" que n'entendront pourtant probablement jamais les fidèles lèche-bottes du label.
Chroniqué par
Tehanor
le 23/04/2010